David
Hume
Essai sur le suicide.
in
Essays & Treatises on several subjects
In two volumes
Containing
Essays, moral, political, and literary
A new edition
LONDON
Printed for T.CADELL, in the Strand;
and
MDCCLXXVII
1777 (volontairement non publié par Hume de son vivant)
Un avantage considérable de la philosophie consiste dans le souverain antidote
qu’elle offre contre la superstition et la fausse religion. Tous les autres
remèdes contre cette maladie pestilentielle sont vains ou, du moins,
incertains. Le simple bon sens et la pratique du monde, qui seuls suffisent à
la plupart des desseins de l’existence, se révèlent ici inefficaces. L’histoire
et l’expérience quotidienne offrent des exemples d’hommes dotés des plus
solides capacités pour le travail et les affaires qui ont passé toute la vie
courbés sous l’esclavage de la plus grossière superstition. Même la gaieté et
la douceur du tempérament, qui répandent un baume sur toute autre blessure,
n’offrent aucun remède à un poison si virulent, comme on peut particulièrement
l’observer chez le beau sexe qui, quoique possédant communément les plus riches
présents de la nature, voit un grand nombre de ses joies gâchées par cet intrus
importun. Mais, une fois que la saine philosophie a pris possession de
l’esprit, la superstition est effectivement exclue et on peut en toute sécurité
affirmer que son triomphe sur son ennemi est plus complet que sur la plupart
des autres imperfections et des autres vices inhérents à la nature humaine.
L’amour et la colère, l’ambition et l’avarice ont leurs racines dans le
tempérament et les affections que la plus saine raison n’est guère capable de
corriger entièrement. Mais la superstition, se fondant sur une fausse opinion,
doit immédiatement s’évanouir dès que la vraie philosophie a inspiré de plus
justes sentiments des puissances supérieures. Le combat est ici plus égal entre
la maladie et le remède et rien ne peut l’empêcher de se révéler efficace, à
moins qu’il ne soit faux et corrompu.
Il
serait ici superflu de magnifier les mérites de la philosophie en exposant la
pernicieuse tendance de ce vice dont elle guérit l’esprit humain. L’homme
superstitieux, dit Cicéron, est misérable dans toutes les situations et toutes
les circonstances de l’existence. Le sommeil lui-même, qui bannit tous les
autres soucis des malheureux mortels, lui offre matière à de nouvelles terreurs
alors qu’il examine ses rêves et trouve dans les visions de la nuit les
présages de calamités futures. Je puis ajouter que, bien que la mort puisse
mettre un vrai terme à ses malheurs, il n’ose fuir vers ce refuge mais prolonge
encore une misérable existence car il craint vainement d’offenser son créateur
en utilisant ce pouvoir que cet être bienveillant lui a donné. Les présents de
Dieu et de la Nature nous sont ravis par cette cruelle ennemie et, bien qu’un
pas puisse nous effacer de ces régions de souffrance et de chagrin, sa menace
nous enchaîne toujours à une existence haïe qu’elle contribue surtout à rendre
misérable.
On
observe que ceux qui ont été réduits par les calamités de la vie à la nécessité
d’employer ce fatal remède et qui ont été privés par le soin malvenu de leurs
amis de cette sorte de mort qu’ils se proposaient ne peuvent trouver une
seconde fois assez de résolution pour exécuter ce dessein. Si grande est notre
horreur de la mort que, quand elle se présente sous une forme autre que celle à
laquelle nous nous étions efforcés de nous résigner en imagination, elle
s’enrichit de nouvelles terreurs et triomphe de notre faible courage. Mais,
quand les menaces de la superstition se joignent à cette timidité naturelle, il
n’est pas étonnant qu’elle prive entièrement les hommes de tout pouvoir sur
leur vie puisque même les nombreux plaisirs et les nombreuses jouissances
auxquels nous sommes portés par une puissante propension nous sont arrachés par
ce tyran inhumain. Tentons [donc] de redonner aux hommes leur liberté naturelle
en examinant tous les arguments courants contre le suicide et en montrant,
conformément aux opinions des anciens philosophes, qu’on n’est ni coupable, ni
blâmable quand on choisit une telle action.
Si
le suicide est un crime, il doit être une transgression de notre devoir envers
Dieu, envers autrui ou envers nous-mêmes.
Pour
prouver que le suicide n’est pas une transgression de notre devoir envers Dieu,
les considérations suivantes peuvent peut-être suffire. Afin de gouverner le
monde matériel, le tout-puissant créateur a établi des lois générales et
immuables par lesquelles tous les corps, de la plus grande planète à la plus
petite particule, sont maintenus dans leur sphère et leur fonction propres.
Pour gouverner le monde animal, il a doté toutes les créatures vivantes de
pouvoirs corporels et mentaux, avec des sens, des passions, des appétits, une
mémoire et un jugement qui déterminent ou règlent le cours de la vie à laquelle
elles sont destinées. Ces deux principes distincts du monde matériel et du
monde animal empiètent l’un sur l’autre et retardent ou favorisent mutuellement
leurs opérations respectives. Les pouvoirs des hommes et de tous les autres
animaux sont empêchés et dirigés par la nature et les qualités des corps
environnants, et les modifications et actions de ces corps sont sans cesse
modifiées par l’opération de tous les animaux. Les rivières empêchent le
passage de l’homme sur la surface du globe mais, quand elles sont correctement
dirigées, elles prêtent leur force au mouvement des machines qui servent à son
usage. Mais, bien que les domaines des pouvoirs matériels et des pouvoirs
animaux ne soient pas entièrement séparés, il n’en résulte aucune discorde ni
désordre dans la création. Au contraire, du mélange, de l’union et du contraste
de tous les pouvoirs variés des corps inanimés et des créatures vivantes
naissent cette harmonie et cette proportion surprenantes qui offrent l’argument
le plus sûr en faveur d’une sagesse suprême.
La
providence divine n’apparaît pas immédiatement en chaque opération mais elle
gouverne toutes choses par les lois générales et immuables qui ont été établies
depuis le commencement des temps. On peut déclarer que tous les événements, en
un sens, sont l’action du tout-puissant. Ils procèdent tous des pouvoirs dont
il a doté ses créatures. Une maison qui s’effondre par son propre poids n’est
pas plus menée à la ruine par la providence divine que si elle avait été
détruite par la main de l’homme ; et les facultés humaines ne sont pas
moins son œuvre que les lois du mouvement et de la gravitation. Quand les
passions interviennent, quand le jugement décrète ou que les membres obéissent,
tout cela est l’opération de Dieu, et c’est sur ces principes animés aussi bien
que sur les principes inanimés qu’il a établi le gouvernement de l’univers.
Chaque
événement est d’égale importance aux yeux de cet être infini qui, d’un seul
regard, embrasse les régions les plus distantes de l’espace et les époques les
plus lointaines du temps. Il n’est pas un seul événement, quelque important
qu’il soit pour nous, qu’il ait soustrait aux lois générales qui gouvernent
l’univers ou qu’il se soit réservé particulièrement pour sa propre action et sa
propre opération immédiates. Les révolutions des Etats et des empires dépendent
du plus petit caprice ou de la plus petite passion d’hommes particuliers, et la
vie humaine est raccourcie ou allongée par le plus petit accident de l’air ou
de l’alimentation, de l’éclat du soleil ou de la tempête. La nature poursuit toujours
son cours et son opération et, s’il arrivait que les lois générales fussent
enfreintes par des volitions divines particulières, ce serait d’une manière qui
échapperait entièrement à l’observation humaine. De même que, d’un côté, les
éléments et les parties inanimées de la création continuent leur action sans se
soucier de l’intérêt particulier et de la situation des hommes, de même les
hommes ont leur propre jugement et leur propre discrétion dans les divers
affrontements avec la matière et ils peuvent employer toutes les facultés dont
ils sont dotés pour pourvoir à leur tranquillité, à leur bonheur ou à leur
conservation.
Mais
alors, que signifie ce principe selon lequel un homme qui, fatigué de la vie et
persécuté par la souffrance et le malheur et qui surmonte bravement toutes les
terreurs naturelles face à la mort, que cet homme, dis-je, s’expose à
l’indignation de son créateur en empiétant sur les fonctions qui lui sont
réservées et en troublant l’ordre de l’univers ? Allons-nous affirmer que
le Tout-puissant s’est réservé d’une manière particulière de disposer de la vie
des hommes et qu’il n’a pas soumis cet événement, avec tous les autres, aux
lois générales par lesquelles l’univers est gouverné ? C’est manifestement
faux. La vie des hommes dépend des mêmes lois que celles qui gèrent la vie de
tous les autres animaux et ces vies sont assujetties aux lois générales de la
matière et du mouvement. L’effondrement d’une tour ou l’absorption d’un poison
détruira autant un homme que la plus petite créature. Une inondation emporte
sans distinction tout ce qui se trouve à portée de sa furie. Puisque donc la
vie des hommes dépend pour toujours des lois générales de la matière et du
mouvement, un homme qui dispose de sa vie est-il criminel parce que, dans tous
les cas, il est criminel d’empiéter sur ces lois ou de troubler leur
opération ? Mais cela semble absurde. Tous les animaux sont laissés à leur
propre prudence et leur propre habileté pour se conduire dans la vie et ils ont
pleine autorité, dans les limites de leurs pouvoirs, de modifier toutes les
opérations de la nature. Sans l’exercice de cette autorité, ils ne pourraient
pas subsister un instant. Toute action, tout mouvement d’un homme innove dans
l’ordre de certaines parties de la matière et détourne de leur cours ordinaire
les lois générales du mouvement. Donc, rassemblant ces conclusions, nous voyons
que la vie humaine dépend des lois générales de la matière et du
mouvement et que ce n’est pas empiéter sur les fonctions de la
providence que de troubler ou de modifier ces lois générales. En conséquence,
chacun n’a-t-il pas le droit de disposer de sa propre vie ? Ne peut-il pas
légitimement employer ce pouvoir dont la nature l’a doté ?
Pour
détruire l’évidence de cette conclusion, nous devons montrer pourquoi ce cas
particulier est une exception. Est-ce parce que la vie humaine est d’une si
grande importance qu’il est présomptueux pour la prudence humaine d’en
disposer ? Mais, pour l’univers, la vie de l’homme n’est pas plus
importante que la vie d’une huître. Et même si elle était d’une si grande
importance, dans les faits, la nature l’a soumise à la prudence humaine et nous
a réduits à la nécessité, dans tous les cas, de décider d’elle.
Si
disposer de la vie humaine était réservé au domaine propre du tout-puissant de
sorte que ce serait empiéter sur son droit que de disposer de nos propres vies,
il serait également aussi criminel d’agir pour la conserver que d’agir pour la
détruire. Si j’évite une pierre qui me tombe sur la tête, je trouble le cours
de la nature et je m’immisce dans le domaine propre du tout-puissant en
allongeant ma vie au-delà du terme que les lois générales de la matière et du
mouvement lui ont assigné.
Un
cheveu, une mouche, un insecte est capable de détruire cet être puissant dont
la vie est d’une telle importance. Est-ce une absurdité de supposer que la
prudence humaine puisse légitimement disposer de ce qui dépend de causes aussi
insignifiantes ?
Ce
ne serait pas un crime de détourner le Nil ou le Danube si j’étais capable
d’accomplir de tels desseins. Où est donc le crime quand je détourne quelques
onces de sang de leurs canaux naturels ?
Imaginez-vous
que je me plaigne de la providence ou que je maudisse ma création parce que je quitte
la vie et mets un terme à une existence qui, si elle continuait, me rendrait
malheureux ? Loin de moi de tels sentiments. Je suis seulement convaincu
d’un fait, que vous reconnaîtrez vous-mêmes comme possible, que la vie humaine
peut être malheureuse et que mon existence, prolongée davantage, deviendrait
intolérable. Mais je remercie la providence, aussi bien pour le bien dont j’ai
joui que pour le pouvoir dont je suis doté d’échapper aux maux qui me menacent [1]. C’est à vous qu’il appartient de vous plaindre de la
providence, vous qui imaginez sottement que vous n’avez pas ce pouvoir et que
vous devez encore prolonger une existence haïe, même si elle est chargée de
souffrances et de maladies, de honte ou de pauvreté.
N’enseignez-vous
pas que, quand m’arrive quelque malheur, même du fait de la méchanceté de mes
ennemis, je dois m’incliner devant la providence et que les actions des
hommes sont autant les opérations du tout-puissant que les actions des êtres
inanimés ? Quand je tombe sur ma propre épée, je reçois la mort de Dieu de
la même façon que quand elle me vient par un lion, un précipice ou une fièvre.
La
soumission à la providence que vous exigez pour tous les malheurs qui
m’arrivent n’exclut pas l’habileté et l’activité de l’homme et, quand c’est
possible, par elles, je puis éviter un malheur ou y échapper. Pourquoi ne
pourrais-je pas employer un remède aussi bien qu’un autre ?
Si
ma vie ne m’appartenait pas, il serait aussi criminel de la mettre en danger
que d’en disposer. Un homme pourrait-il alors mériter le titre de héros
quand la gloire ou l’amitié l’entraîne dans les plus grands dangers si on peut
reprocher à un autre d’être méchant ou mécréant quand il met un
terme à sa vie pour des motifs semblables ou identiques ?
Les
pouvoirs et les facultés que possède l’homme, il les reçoit de son créateur et
personne, quelque déréglée que soit une action, ne peut empiéter sur le plan de
la providence ou troubler l’univers. Les opérations de l’homme sont autant
l’œuvre de la providence que la chaîne des événements que l’homme perturbe, et,
quel que soit le principe qui prévaut, nous pouvons, pour cette raison même,
conclure que Dieu l’a favorisé davantage. Qu’il soit animé ou inanimé,
rationnel ou non rationnel, c’est la même chose. Son pouvoir est toujours
dérivé du créateur suprême et est également compris dans l’ordre de la
providence. Quand l’horreur des souffrances l’emporte sur l’amour de la vie,
quand une action volontaire anticipe l’effet de causes aveugles, c’est
seulement en conséquence des pouvoirs et principes que Dieu a implantés en ses
créatures. La divine providence demeure inviolée et elle se situe bien au-delà
des offenses humaines.
Il
est impie, dit la vieille superstition romaine, de détourner des
rivières de leur cours ou de s’immiscer dans les prérogatives de la nature. Il
est impie, dit la superstition française, de vacciner contre la
petite-vérole ou d’usurper les fonctions de la providence en produisant
volontairement des maux et des maladies. Il est impie, dit la superstition européenne
moderne, de mettre un terme à sa propre vie et de se rebeller par là contre son
créateur. Et pourquoi n’est-il pas impie, dis-je, de construire des maisons, de
cultiver la terre et de naviguer sur l’océan ? Dans toutes ces actions,
nous employons nos pouvoirs corporels et spirituels pour produire quelque
innovation dans le cours de la nature ; et, dans toutes ces actions, nous
ne faisons rien de plus. Elles sont donc toutes ou également innocentes ou
également criminelles.
Mais
vous êtes placé par la providence, comme une sentinelle, à un poste particulier
et, quand vous le désertez sans avoir été rappelé, vous êtes coupable de
rébellion contre votre souverain tout-puissant et vous encourez son
mécontentement. Je demande pourquoi vous concluez que la providence m’a
placé à ce poste. Pour ma part, je constate que je dois ma naissance à une
longue chaîne de causes dont beaucoup et même la plupart dépendent des actions
volontaires des hommes. Mais la providence a guidé toutes ces causes et rien
n’arrive dans l’univers sans son consentement et sa coopération. S’il en
est ainsi, ma mort, même volontaire, ne survient pas sans son consentement et,
quand la souffrance et le chagrin viennent à bout de ma patience au point de me
fatiguer de l’existence, je puis conclure que je suis rappelé de mon poste dans
les termes les plus clairs et les plus explicites.
C’est
la providence, sûrement, qui m’a placé à présent dans cette chambre mais ne
puis-je pas la quitter, quand je le juge bon, sans risquer d’être accusé
d’avoir déserté mon poste ou ma situation ? Quand je serai mort, les
principes dont je suis composé continueront à jouer leur rôle dans l’univers et
seront aussi utiles dans la grande structure que quand ils composaient cette
créature individuelle. Pour le tout, la différence entre cette situation et mon
existence dans une chambre ou dehors sera négligeable. Le changement est
important pour moi mais pas pour l’univers.
C’est
une sorte de blasphème que d’imaginer qu’une créature puisse troubler l’ordre
du monde ou s’immiscer dans les affaires de la providence car c’est supposer
que cet être possède des pouvoirs et des facultés qu’il n’a pas reçus de son
créateur et qui ne sont pas soumis à son gouvernement et à son autorité. Un
homme peut troubler la société, sans aucun doute, et, par là, il encourt le
mécontentement du tout-puissant ; mais le gouvernement du monde est placé
bien au-delà de sa portée et de sa violence. Et comment peut-on se rendre
compte que le tout-puissant est mécontent de ces actions qui troublent la
société ? Par les principes qu’il a implantés en la nature humaine et qui
nous inspirent un sentiment de remords si nous sommes coupables de telles
actions et un sentiment de blâme et de désapprobation si nous les observons
chez autrui. Examinons maintenant, selon la méthode proposée, si le suicide
appartient à cette sorte d’action et s’il est une infraction à notre devoir
envers autrui et envers la société.
Un
homme qui se retire de la vie ne fait pas de mal à la société. Il cesse seulement
de lui faire du bien, dommage qui, si c’en est un, est de faible importance.
Toutes
nos obligations à faire du bien à la société semblent impliquer quelque chose
de réciproque. Je reçois les bienfaits de la société et je dois donc favoriser
son intérêt. Mais, quand je me retire entièrement de la société, puis-je être
lié plus longtemps ?
Mais,
en admettant que nos obligations à faire le bien soient perpétuelles, elles ont
sûrement certaines limites. Je ne suis pas obligé de faire un petit bien à la
société si cela se paie d’un grand mal pour moi-même. Pourquoi alors devrais-je
prolonger une existence malheureuse à cause d’un avantage futile que le public
peut peut-être recevoir de moi ? Si, en raison de mon âge et de mes
infirmités, je puis légitimement démissionner d’une fonction et employer tout
mon temps à lutter contre ces calamités et soulager, autant que possible, les
malheurs de ma vie future, pourquoi ne pourrais-je tout de suite couper court à
ces malheurs par une action qui n’est pas beaucoup plus préjudiciable pour la
société ?
Mais
supposez qu’il ne soit plus en mon pouvoir de promouvoir l’intérêt de la
société ; supposez que je sois une charge pour elle ; supposez que ma
vie empêche certaines personnes d’être beaucoup plus utiles à la société. Dans
de tels cas, ma démission de la vie est nécessairement non seulement innocente
mais même louable. La plupart des gens qui sont tentés d’abandonner l’existence
sont dans de telles situations. Ceux qui ont santé, pouvoir ou autorité ont généralement
de meilleures raisons d’être dans de bonnes dispositions envers le monde.
Un
homme, pour l’intérêt public, est engagé dans un complot, arrêté comme suspect
et menacé de tortures. Il sait, connaissant sa propre faiblesse, que le secret
lui sera extorqué. N’est-ce pas la meilleure façon de tenir compte de l’intérêt
public que de mettre rapidement un terme à une existence malheureuse ? Ce
cas est celui du célèbre et courageux Strozzi de Florence.
De
même, supposez qu’un malfaiteur soit condamné à une peine infamante. Pour
quelle raison ne pourrait-il pas anticiper son châtiment et s’épargner les
angoisses qu’il ressent quand il pense à la terrible approche de sa mort ?
Il n’usurpe pas plus les fonctions de la providence que le juge qui ordonna son
exécution et sa mort volontaire est également avantageuse à la société car elle
la débarrasse d’un membre nuisible.
Que
le suicide puisse être compatible avec notre propre intérêt et avec notre
devoir envers nous-mêmes, nul ne peut en douter si l’on admet que l’âge,
la maladie ou les infortunes peuvent faire de la vie un fardeau et la rendre
même pire que la mort. Je crois que personne ne rejette jamais la vie tant
qu’elle mérite d’être conservée car telle est notre horreur naturelle de la
mort que de petits motifs ne seront jamais capables de nous la faire accepter.
Et, bien que, peut-être, la situation de la santé ou de la fortune d’un homme
ne semble pas exiger un tel remède, nous pouvons du moins être assurés que
celui qui, sans raison apparente, y a eu recours était affligé d’un tempérament
si dépravé et noir, si incurable qu’il devait empoisonner toute joie et le
rendre aussi malheureux que s’il subissait les malheurs les plus atroces.
Si
l’on suppose que le suicide est un crime, seule la lâcheté peut nous y pousser.
S’il n’est pas un crime, ce sont la prudence et le courage qui nous incitent à
nous défaire tout à coup de l’existence quand elle devient un fardeau. C’est la
seule façon d’être utile à la société, en donnant un exemple qui, s’il est
imité, fait que chacun conserve sa chance d’être heureux dans la vie et, dans
les faits, peut s’affranchir de tout risque de malheur. [2]
One considerable advantage, that arises from philosophy, consists in the
sovereign antidote, which it affords to superstition and false religion. All
other remedies against that pestilent distemper are vain, or, at least,
uncertain. Plain good-sense, and the practice of the world, which alone serve
most purposes of life, are here found ineffectual: History, as well as daily
experience, affords instances of men, endowed with the strongest capacity for
business and affairs, who have all their lives crouched under slavery to the
grossest superstition. Even gaiety and sweetness of temper, which infuse a balm
into every other wound, afford no remedy to so virulent a poison; as we may
particularly observe of the fair sex, who, though commonly possessed of these
rich presents of nature, feel many of their joys blasted by this importunate
intruder. But when sound philosophy has once gained possession of the mind,
superstition is effectually excluded; and one may safely affirm, that her
triumph over this enemy is more complete than over most of the vices and
imperfections, incident to human nature. Love or anger, ambition or avarice,
have their root in the temper and affections, which the soundest reason is
scarce ever able fully to correct. But superstition, being founded on false
opinion, must immediately vanish, when true philosophy has inspired juster
sentiments of superior powers. The contest is here more equal between the
distemper and the medicine: And nothing can hinder the latter from proving
effectual, but its being false and sophisticated.
It will here be superfluous to magnify the merits of philosophy, by
displaying the pernicious tendency of that vice, of which it cures the human
mind. The superstitious man, says Tully, is miserable in every scene, in
every incident of life. Even sleep itself, which banishes all other cares of
unhappy mortals, affords to him matter of new terror; while he examines his
dreams, and finds in those visions of the night, prognostications of future
calamities. I may add, that, though death alone can put a full period to his
misery, he dares not fly to this refuge, but still prolongs a miserable
existence, from a vain fear, lest he offend his maker, by using the power, with
which that beneficent being has endowed him. The presents of God and Nature are
ravished from us by this cruel enemy; and notwithstanding that one step would
remove us from the regions of pain and sorrow, her menaces still chain us down
to a hated being, which she herself chiefly contributes to render miserable.
It
is observed of such as have been reduced by the calamities of life to the
necessity of employing this fatal remedy, that, if the unseasonable care of
their friends deprive them of that species of death, which they proposed to
themselves, they seldom venture upon any other, or can summon up so much resolution,
a second time, as to execute their purpose. So great is our horror of death,
that when it presents itself under any form, besides that to which a man has
endeavoured to reconcile his imagination, it acquires new terrors, and
overcomes his feeble courage. But when the menaces of superstition are joined
to this natural timidity, no wonder it quite deprives men of all power over
their lives; since even many pleasures and enjoyments, to which we are carried
by a strong propensity, are torn from us by this inhuman tyrant. Let us here
endeavour to restore men to their native liberty, by examining all the common
arguments against Suicide, and showing, that That action may be free from every
imputation of guilt or blame; according to the sentiments of all the ancient
philosophers.
If
Suicide be criminal, it must be a transgression of our duty, either to God, our
neighbour, or ourselves.
To
prove, that Suicide is no transgression of our duty to God, the following considerations
may perhaps suffice. In order to govern the material world, the almighty
creator has established general and immutable laws, by which all bodies, from
the greatest planet to the smallest particle of matter, are maintained in their
proper sphere and function. To govern the animal world, he has endowed all
living creatures with bodily and mental powers; with senses, passions,
appetites, memory, and judgment; by which they are impelled or regulated in
that course of life, to which they are destined. These two distinct principles
of the material and animal world continually encroach upon each other, and
mutually retard or forward each other's operation. The powers of men and of all
other animals are restrained and directed by the nature and qualities of the
surrounding bodies; and the modifications and actions of these bodies are
incessantly altered by the operation of all animals. Man is stopped by rivers
in his passage over the surface of the earth; and rivers, when properly
directed, lend their force to the motion of machines, which serve to the use of
man. But though the provinces of the material and animal powers are not kept
entirely separate, there result from thence no discord or disorder in the
creation: On the contrary, from the mixture, union, and contrast of all the
various powers of inanimate bodies and living creatures, arises that surprising
harmony and proportion, which affords the surest argument of supreme wisdom.
The
providence of the deity appears not immediately in any operation, but governs
every thing by those general and immutable laws, which have been established
from the beginning of time. All events, in one sense, may be pronounced the
action of the almighty: They all proceed from those powers, with which he has
endowed his creatures. A house, which falls by its own weight, is not brought
to ruin by his providence more than one destroyed by the hands of men; nor are
the human faculties less his workmanship than the laws of motion and
gravitation. When the passions play, when the judgment dictates, when the limbs
obey; this is all the operation of God; and upon these animate principles, as
well as upon the inanimate, has he established the government of the universe.
Every
event is alike important in the eyes of that infinite being, who takes in, at
one glance, the most distant regions of space and remotest periods of time.
There is no one event, however important to us, which he has exempted from the
general laws that govern the universe, or which he has peculiarly reserved for
his own immediate action and operation. The revolutions of states and empires
depend upon the smallest caprice or passion of single men; and the lives of men
are shortened or extended by the smallest accident of air or diet, sunshine or
tempest. Nature still continues her progress and operation; and if general laws
be ever broke by particular volitions of the deity, 'tis after a manner which
entirely escapes human observation. As on the one hand, the elements and other
inanimate parts of the creation carry on their action without regard to the
particular interest and situation of men; so men are entrusted to their own
judgment and discretion in the various shocks of matter, and may employ every
faculty, with which they are endowed, in order to provide for their ease,
happiness, or preservation.
What
is the meaning, then, of that principle, that a man, who, tired of life, and
hunted by pain and misery, bravely overcomes all the natural terrors of death,
and makes his escape from this cruel scene; that such a man, I say, has
incurred the indignation of his creator, by encroaching on the office of divine
providence, and disturbing the order of the universe? Shall we assert, that the
Almighty has reserved to himself, in any peculiar manner, the disposal of the
lives of men, and has not submitted that event, in common with others, to the
general laws, by which the universe is governed? This is plainly false. The
lives of men depend upon the same laws as the lives of all other animals; and
these are subjected to the general laws of matter and motion. The fall of a
tower or the infusion of a poison will destroy a man equally with the meanest
creature: An inundation sweeps away every thing, without distinction, that
comes within the reach of its fury. Since therefore the lives of men are for
ever dependent on the general laws of matter and motion; is a man's disposing
of his life criminal, because, in every case, it is criminal to encroach upon
these laws, or disturb their operation? But this seems absurd. All animals are
entrusted to their own prudence and skill for their conduct in the world, and
have full authority, as far as their power extends, to alter all the operations
of nature. Without the exercise of this authority, they could not subsist a
moment. Every action, every motion of a man innovates in the order of some
parts of matter, and diverts, from their ordinary course, the general laws of
motion. Putting together, therefore, these conclusions, we find, that
human life depends upon the general laws of matter and motion, and that
'tis no encroachment on the office of providence to disturb or alter these
general laws. Has not every one, of consequence, the free disposal of his own
life? And may he not lawfully employ that power with which nature has endowed
him?
In order to destroy the evidence of this conclusion, we must show a
reason, why this particular case is excepted. Is it because human life is of so
great importance, that it is a presumption for human prudence to dispose of it?
But the life of man is of no greater importance to the universe than that of an
oyster. And were it of ever so great importance, the order of nature has
actually submitted it to human prudence, and reduced us to a necessity, in
every incident, of determining concerning it.
Were
the disposal of human life so much reserved as the peculiar province of the
almighty that it were an encroachment on his right for men to dispose of their
own lives; it would be equally criminal to act for the preservation of life as
for its destruction. If I turn aside a stone, which is falling upon my head, I
disturb the course of nature, and I invade the peculiar province of the
almighty, by lengthening out my life, beyond the period, which, by the general
laws of matter and motion, he had assigned to it.
A
hair, a fly, an insect is able to destroy this mighty being, whose life is of
such importance. Is it an absurdity to suppose, that human prudence may
lawfully dispose of what depends on such insignificant causes?
It
would be no crime in me to divert the Nile or Danube from its
course, were I able to effect such purposes. Where then is the crime of turning
a few ounces of blood from their natural channels!
Do
you imagine that I repine at providence or curse my creation, because I go out
of life, and put a period to a being, which, were it to continue, would render
me miserable? Far be such sentiments from me. I am only convinced of a matter
of fact, which you yourself acknowledge possible, that human life may be
unhappy, and that my existence, if farther prolonged, would become uneligible.
But I thank providence, both for the good, which I have already enjoyed, and
for the power, with which I am endowed, of escaping the ill that threatens me [3]. To you it belongs to repine at
providence, who foolishly imagine that you have no such power, and who must
still prolong a hated being, though loaded with pain and sickness, with shame
and poverty.
Do
you not teach, that when any ill befalls me, though by the malice of my
enemies, I ought to be resigned to providence; and that the actions of men are
the operations of the almighty as much as the actions of inanimate beings? When
I fall upon my own sword, therefore, I receive my death equally from the hands
of the deity, as if it had proceeded from a lion, a precipice, or a fever.
The submission, which you require to providence, in every calamity, that
befalls me, excludes not human skill and industry; if possibly, by their means,
I can avoid or escape the calamity. And why may I not employ one remedy as well
as another?
If my life be not my own, it were criminal for me to put it in danger,
as well as to dispose of it: Nor could one man deserve the appellation of Hero,
whom glory or friendship transports into the greatest dangers, and another merit
the reproach of Wretch or Miscreant, who puts a period to his
life, from the same or like motives.
There
is no being, which possesses any power or faculty, that it receives not from
its creator; nor is there any one, which, by ever so irregular an action, can
encroach upon the plan of his providence, or disorder the universe. Its
operations are his work equally with that chain of events, which it invades;
and which ever principle prevails, we may, for that very reason, conclude it to
be most favoured by him. Be it animate or inanimate, rational or irrational,
'tis all a case: It's power is still derived from the supreme creator, and is
alike comprehended in the order of his providence. When the horror of pain
prevails over the love of life: When a voluntary action anticipates the effect
of blind causes; it is only in consequence of those powers and principles,
which he has implanted in his creatures. Divine providence is still inviolate,
and placed far beyond the reach of human injuries.
It
is impious, says the old Roman superstition, to divert rivers from their
course, or invade the prerogatives of nature. It is impious, says the French
superstition, to inoculate for the small-pox, or usurp the business of
providence, by voluntarily producing distempers and maladies. It is impious,
says the modern European superstition, to put a period to our own life,
and thereby rebel against our creator. And why not impious, say I, to build
houses, cultivate the ground, and sail upon the ocean? In all these actions, we
employ our powers of mind and body to produce some innovation in the course of
nature; and in none of them do we any more. They are all of them, therefore,
equally innocent or equally criminal.
But you are placed by providence, like a sentinel, in a particular
station; and when you desert it, without being recalled, you are guilty of
rebellion against your almighty sovereign, and have incurred his displeasure. I ask, why do you conclude, that
Providence has placed me in this station? For my part, I find, that I owe my
birth to a long chain of causes, of which many and even the principal, depended
upon voluntary actions of men. But Providence guided all these causes, and
nothing happens in the universe without its consent and co-operation. If
so, then neither does my death, however voluntary, happen without it's consent;
and whenever pain and sorrow so far overcome my patience as to make me tired of
life, I may conclude, that I am recalled from my station, in the clearest and
most express terms.
It
is providence, surely, that has placed me at present in this chamber: But may I
not leave it, when I think proper, without being liable to the imputation of
having deserted my post or station? When I shall be dead, the principles, of
which I am composed, will still perform their part in the universe, and will be
equally useful in the grand fabric, as when they composed this individual
creature. The difference to the whole will be no greater than between my being
in a chamber and in the open air. The one change is of more importance to me
than the other; but not more so to the universe.
It
is a kind of blasphemy to imagine, that any created being can disturb the order
of the world, or invade the business of providence. It supposes, that that
being possesses powers and faculties, which it received not from its creator,
and which are not subordinate to his government and authority. A man may
disturb society, no doubt; and thereby incur the displeasure of the almighty:
But the government of the world is placed far beyond his reach and violence.
And how does it appear, that the almighty is displeased with those actions,
that disturb society? By the principles which he has implanted in human nature,
and which inspire us with a sentiment of remorse, if we ourselves have been
guilty of such actions, and with that of blame and disapprobation, if we ever
observe them in others. Let us now examine, according to the method proposed,
whether Suicide be of this kind of actions, and be a breach of our duty to our neighbour
and to society.
A
man, who retires from life, does no harm to society. He only ceases to do good;
which, if it be an injury, is of the lowest kind.
All
our obligations to do good to society seem to imply something reciprocal. I
receive the benefits of society, and therefore ought to promote it's interest.
But when I withdraw myself altogether from society, can I be bound any longer?
But
allowing, that our obligations to do good were perpetual, they have certainly
some bounds. I am not obliged to do a small good to society, at the expense of
a great harm to myself. Why then should I prolong a miserable existence,
because of some frivolous advantage, which the public may, perhaps, receive
from me? If upon account of age and infirmities, I may lawfully resign any
office, and employ my time altogether in fencing against these calamities, and
alleviating, as much as possible, the miseries of my future life: Why may I not
cut short these miseries at once by an action, which is no more prejudicial to
society?
But
suppose, that it is no longer in my power to promote the interest of the
public: Suppose, that I am a burthen to it: Suppose, that my life hinders some
person from being much more useful to the public. In such cases my resignation
of life must not only be innocent but laudable. And most people, who lie under
any temptation to abandon existence, are in some such situation. Those, who
have health, or power, or authority, have commonly better reason to be in
humour with the world.
A
man is engaged in a conspiracy for the public interest; is seized upon
suspicion; is threatened with the rack; and knows, from his own weakness, that
the secret will be extorted from him: Could such a one consult the public
interest better than by putting a quick period to a miserable life? This was
the case of the famous and brave Strozzi of Florence.
Again,
suppose a malefactor justly condemned to a shameful death; can any reason be
imagined, why he may not anticipate his punishment, and save himself all the
anguish of thinking on its dreadful approaches? He invades the business of
providence no more than the magistrate did, who ordered his execution; and his
voluntary death is equally advantageous to society, by ridding it of a
pernicious member.
That
Suicide may often be consistent with interest and with our duty to ourselves,
no one can question, who allows, that age, sickness, or misfortune may render
life a burthen, and make it worse even than annihilation. I believe that no man
ever threw away life, while it was worth keeping. For such is our natural
horror of death, that small motives will never be able to reconcile us to it.
And though perhaps the situation of a man's health or fortune did not seem to
require this remedy, we may at least be assured, that any one, who, without
apparent reason, has had recourse to it, was curst with such an incurable
depravity or gloominess of temper, as must poison all enjoyment, and render him
equally miserable as if he had been loaded with the most grievous misfortunes.
If
Suicide be supposed a crime, 'tis only cowardice can impel us to it. If it be
no crime, both prudence and courage should engage us to rid ourselves at once
of existence, when it becomes a burthen. It is the only way, that we can then
be useful to society, by setting an example, which, if imitated, would preserve
to every one his chance for happiness in life, and would effectually free him
from all danger of misery. [4]
[1] Agamus Deo gratias, quod nemo in vita teneri potest. Sénèque, lettre XII.
[2] Il serait facile de prouver que le suicide est aussi légitime pour la loi chrétienne qu’il l’a été pour les païens. Il n’y a pas un seul texte dans les Ecritures qui le prohibe. Cette grande et infaillible règle de la foi et de la pratique, qui doit contrôler toute philosophie et tout raisonnement humain, nous a laissés sur ce point disposer de notre liberté naturelle. Certes, les Ecritures recommandent de se résigner devant la providence mais cela n’implique qu’une soumission aux maux inévitables, non à ceux auxquels on peut remédier par la prudence ou le courage. Tu ne tueras point. Il faut évidemment comprendre par là qu’il ne faut pas tuer autrui, sur la vie duquel nous n’avons aucune autorité. Que ce précepte, comme la plupart des préceptes des Ecritures, puisse être modifié par la raison et le sens commun, c’est évident, comme le montre la pratique des juges qui punissent de la peine capitale les criminels malgré la lettre de la loi. Mais, même si ce commandement contre le suicide était explicite, il n’aurait aujourd’hui plus aucune autorité puisque toute la loi de Moïse a été abolie, à l’exception de ce qui a été établi par la loi naturelle. Nous avons déjà tenté de prouver que le suicide n’est pas interdit par cette loi. Dans tous les cas, les chrétiens et les païens sont exactement au même niveau. Caton et Brutus, Arria et Portia agirent héroïquement. Ceux qui aujourd’hui imitent leur exemple devraient recevoir les mêmes louanges de la postérité. Le pouvoir de se suicider est considéré par Pline comme un avantage que les hommes possèdent sur la divinité elle-même : «Deus non sibi potest mortem consciscere, si velit, quod homini dedit optimum in tantis vitæ pœnis. » (Histoire naturelle, livre II, section V, §27).
[3] Agamus Deo
gratias, quod nemo in vita teneri potest. Seneca, Epist.
xii. [Seneca, Epistles, no. 12
[4] It would be easy to prove, that Suicide is as lawful under the christian dispensation as it was to the heathens. There is not a single text of scripture, which prohibits it. That great and infallible rule of faith and practice, which must controul all philosophy and human reasoning, has left us, in this particular, to our natural liberty. Resignation to providence is, indeed, recommended in scripture; but that implies only submission to ills, which are unavoidable, not to such as may be remedied by prudence or courage. Thou shalt not kill is evidently meant to exclude only the killing of others, over whose life we have no authority. That this precept like most of the scripture precepts, must be modified by reason and common sense, is plain from the practice of magistrates, who punish criminals capitally, notwithstanding the letter of this law. But were this commandment ever so express against Suicide, it could now have no authority. For all the law of Moses is abolished, except so far as it is established by the law of nature; and we have already endeavoured to prove, that Suicide is not prohibited by that law. In all cases, Christians and Heathens are precisely upon the same footing; and if Cato and Brutus, Arria and Portia acted heroically, those who now imitate their example ought to receive the same praises from posterity. The power of committing Suicide is regarded by Pliny as an advantage which men possess even above the deity himself. Deus non sibi potest mortem consciscere, si velit, quod homini dedit optimum in tantis vitæ pœnis. Lib. ii. Cap. 7.