HOBBES :
LEVIATHAN – Traduction de Philippe Folliot avec notes.
Chapitre 31 – Chapitre 33 - Sommaire
des chapitres traduits avec notes - Index Philotra
Chapitre 32 : Des principes de la politique chrétienne.
Jusqu'ici, j'ai fait dériver les droits du pouvoir souverain et le devoir des sujets uniquement des principes de la nature, ceux que l'expérience a trouvé vrais [1], ou que l'accord [2] sur l'usage des mots a rendu tels; c'est-à-dire de la nature des hommes, qui nous est connue par expérience, et des définitions des mots qui sont essentiels à tout raisonnement politique, définitions sur lesquelles on s'accorde universellement. Mais dans ce dont je vais maintenant traiter, la nature et les droits d'une REPUBLIQUE CHRETIENNE, qui reposent essentiellement sur des révélations surnaturelles de la volonté de Dieu, le fondement de mon discours doit être, non seulement la parole naturelle de Dieu, mais aussi sa parole prophétique [3].
Néanmoins, nous ne devons pas renoncer à nos sens et à notre expérience, ni à ce qui est la parole indubitable de Dieu, notre raison naturelle, car ce sont des talents qu'il a mis entre nos mains pour négocier [4], jusqu'au retour de notre Sauveur béni, et donc, non pour être enveloppés dans le linge d'une foi implicite [5], mais pour être employés à acheter la justice, la paix et la vraie religion [6]. En effet, quoiqu'il y ait beaucoup de choses qui dépassent la raison [7] dans la parole de Dieu, c'est-à-dire qui ne peuvent être, soit démontrées soit réfutées par la raison naturelle, cependant, il n'y a rien qui ne lui soit contraire. Quand il semble en être ainsi, la faute en revient, soit à notre interprétation maladroite, soit à notre ratiocination erronée.
Donc, quand quelque écrit de cette sorte est trop difficile pour que nous l'examinions, il nous est ordonné de laisser les mots captiver notre entendement [8], et de ne pas nous fatiguer à dégager par la logique une vérité philosophique de ces mystères qu'on ne peut comprendre et qui ne sont soumis à aucune règle de la science naturelle [9]. En effet, il en est des mystères de notre religion comme des pilules salutaires pour les malades qui, avalées d'un coup, ont une vertu curative, mais qui, mâchées, sont pour la plus grande part rejetées sans avoir fait d'effet.
Captiver notre entendement [10] ne signifie pas soumettre notre faculté intellectuelle à l'opinion de quelque autre homme, mais signifie soumettre notre volonté à l'obéissance, là où l'obéissance est due. En effet, il n'est pas en notre pouvoir de changer sensation, souvenir, entendement, raison, et opinion, qui sont toujours, et nécessairement, tels que les choses que nous voyons, entendons et considérons nous les font venir à l'esprit. Ce ne sont pas les effets de notre volonté, c'est notre volonté qui est leur effet. Nous captivons donc notre entendement et notre raison quand nous nous abstenons de contredire, quand nous parlons comme nous l'ordonne l'autorité légale et que nous vivons conformément à ses commandements; ce qui, en somme, est mettre sa confiance et sa foi en celui qui parle, même si l'esprit est totalement incapable de produire une quelconque notion à partir des mots prononcés.
Quand Dieu parle à l'homme, ce doit être immédiatement [11], ou par la médiation d'un autre homme à qui il a antérieurement parlé lui-même immédiatement. Comment Dieu parle-t-il à un homme immédiatement? Cela peut être assez bien [12] compris par ceux à qui il a ainsi parlé, mais comment cela peut-il être compris par un autre, il est difficile, si ce n'est pas impossible, de le savoir. En effet, si quelqu'un me prétend que Dieu lui a parlé de façon surnaturelle et immédiate, et que j'en doute, je vois difficilement quelle preuve il peut produire pour m'obliger à croire cela. Il est vrai que s'il est mon souverain, il peut m'obliger à l'obéissance, de telle sorte que je ne déclare pas, par des actes ou des paroles, que je ne le crois pas; mais il ne peut pas m'obliger à penser autre chose que ce que ma raison me persuade. Mais si quelqu'un qui n'a pas sur moi une telle autorité prétend la même chose, rien ne m'astreint à la croyance ou à l'obéissance.
En effet, dire que Dieu lui a parlé dans l'Ecriture sainte, ce n'est pas dire que Dieu lui a parlé immédiatement, c'est dire qu'il lui a parlé par la médiation des prophètes, ou des apôtres, ou de l'Eglise [13], de la même manière qu'il a parlé à tous les autres chrétiens [14]. Dire que Dieu lui a parlé dans un rêve n'est rien de plus que dire qu'il a rêvé que Dieu lui parlait; ce qui n'est pas suffisant pour gagner la croyance de celui qui sait que les rêves sont pour l'essentiel naturels, et peuvent procéder de pensées antérieures, et, pour de tels rêves, de la vanité, de la sotte arrogance, de la fausse opinion qu'un homme a de sa propre piété, ou de sa propre vertu, par lesquelles il juge avoir mérité la grâce d'une révélation extraordinaire [15]. Dire qu'il a eu une vision, ou entendu une voix, est dire qu'il a rêvé, entre le sommeil et la veille, car, de cette façon, on prend souvent naturellement ses rêves pour une vision, n'ayant pas remarqué pas qu'on s'était assoupi. Dire qu'il parle par inspiration surnaturelle, c'est dire qu'il éprouve un désir ardent de parler, ou qu'il a quelque haute opinion de lui-même, pour lesquels il ne peut alléguer aucune raison naturelle et suffisante. Si bien que, même si Dieu Tout-Puissant peut parler à un homme par des rêves, des visions, par la voix ou par l'inspiration, il n'oblige cependant personne à croire qu'il a parlé ainsi à celui qui le prétend, qui, étant un homme, peut se tromper, et qui plus est [16], mentir
Comment alors celui à qui Dieu n'a jamais révélé sa volonté immédiatement (sinon par la voie de la raison naturelle) peut-il savoir quand il doit obéir ou ne doit pas obéir à sa parole, délivrée par celui qui dit qu'il est un prophète? Des quatre cents prophètes à qui le roi d'Israël demanda conseil sur la guerre qu'il fit contre Ramoth-de-Galaad [17], seul Michée [18] était un vrai prophète [19]. Le prophète [20] qui fut envoyé pour prophétiser contre l'autel dressé par Jéroboam [21], quoiqu'il fût un vrai prophète, et que les deux miracles qu'il fit en sa présence [22] montrent qu'il était un prophète envoyé par Dieu [23], il fut cependant trompé par un autre vieux prophète [24] qui le persuada, disant que sa parole venait de la bouche de Dieu, de manger et de boire avec lui. Si un prophète trompe un autre prophète, quelle certitude avons-nous de connaître la volonté de Dieu par une autre voie que celle de la raison? A quoi je réponds, à partie de l'Ecriture sainte, qu'il y a deux signes, ensemble, et non séparément, par lesquels un prophète doit être reconnu. L'un est qu'il fait des miracles, l'autre est qu'il n'enseigne aucune autre religion que celle qui est déjà établie. Séparément, dis-je, aucun des signes n'est suffisant. Si un prophète surgit parmi vous, ou un visionnaire de visions, et qu'il prétend faire un miracle, et que le miracle arrive, et s'il dit : suivons des dieux étrangers que tu n'as pas connus, tu ne l'écouteras pas, etc.. Mais ce prophète et visionnaire de visions sera mis à mort pour avoir prêché la révolte contre le Seigneur votre Dieu [25]. Dans ces paroles, deux choses sont à remarquer : premièrement, que Dieu ne veut pas que les miracles servent seulement de preuves pour attester la vocation du prophète, mais (comme il est dit au troisième verset [26]) pour éprouver la constance de notre attachement [27]. En effet, les oeuvres des magiciens égyptiens [28], même s'ils n'étaient pas aussi grands que ceux de Moïse, étaient cependant de grands miracles. Deuxièmement, qu'aussi grand que soit un miracle, s'il tend à susciter une révolte contre le roi ou celui qui gouverne par autorité royale, celui qui accomplit un tel miracle ne doit pas être considéré autrement que comme envoyé pour mettre à l'épreuve leur fidélité [29]. Car ces paroles, la révolte contre le Seigneur votre Dieu, équivalent dans ce passage à se révolter contre votre roi. En effet, les Juifs [30] avaient fait de Dieu leur roi par un pacte [31] au pied du Mont Sinaï [32], qui les gouvernait par le seul Moïse, qui était le seul à parler avec Dieu, et qui, de temps en temps, exposait au peuple les commandements de Dieu [33]. De la même manière, quand le Christ notre Sauveur se fit reconnaître par ses disciples comme le Messie (c'est-à-dire oint de Dieu [34], que la nation des Juifs attendait chaque jour comme roi, mais qu'elle refusa quand il vint) il n'oublia pas de les avertir du danger des miracles. De faux Christs et de faux prophètes surgiront, qui feront de grands prodiges et de grands miracles, jusqu'à séduire (si c'était possible) même les élus [35]. Ce qui montre que les faux prophètes peuvent avoir le pouvoir [de faire] des miracles, et cependant, nous ne devons pas prendre leur doctrine pour la parole de Dieu. Saint Paul dit, plus loin, aux Galates, que si lui-même, ou un ange du ciel leur prêchait un autre évangile que celui qu'il leur a prêché, qu'il soit maudit [36]. Cet évangile était que Christ était roi [37], de sorte que toute prédication contre le pouvoir du roi qu'un peuple a reçu est, en conséquence de ces paroles, maudite par saint Paul; car son discours est adressé à ceux qui, par sa prédication, avaient déjà reçu Jésus comme le Christ [38], c'est-à-dire comme roi des Juifs.
Tout comme les miracles, sans la prédication de cette doctrine que Dieu a établie, la prédication de la vraie doctrine, sans l'accomplissement de miracles est une preuve insuffisante de révélation immédiate. En effet, si un homme qui n'enseigne pas une fausse doctrine prétendait être un prophète sans montrer un miracle, sa prétention ne doit aucunement lui gagner plus de considération, comme cela est évident par le Deutéronome, XVIII, 21-22 : si tu dis dans ton coeur : comment saurons-nous que la parole (du prophète) n'est pas celle que le Seigneur a dite? Quand le prophète aura parlé au nom du Seigneur, ce qui n'arrivera pas, c'est la parole que le Seigneur n'a pas dite, mais le prophète l'a dite [39] par orgueil de son propre coeur [40], ne le crains pas [41]. Mais on peut ici se poser cette question : quand le prophète a prédit une chose, comment saurons-nous si cela arrive ou non? En effet, il peut la prédire comme une chose qui arrivera dans un temps déterminé [42], longtemps après, au-delà de la durée de la vie d'homme, ou une chose qui arrivera à une époque indéterminée, à un moment ou à un autre : auquel cas le signe que c'est bien un prophète est inutile, et c'est pourquoi les miracles qui nous obligent à croire un prophète doivent être confirmés par un événement immédiat, ou qui arrive peu après. De sorte qu'il est manifeste que l'enseignement de la religion que Dieu a établie et le fait de montrer un miracle dans le présent, réunis, étaient les seuls signes par lesquels on devait reconnaître, selon l'Ecriture, un vrai prophète, c'est-à-dire une révélation immédiate, aucun d'eux n'étant seul suffisant pour obliger un autre homme à prendre en considération ce que dit le prophète.
Par conséquent, étant donné que les miracles ont aujourd'hui cessé, il ne nous reste aucun signe pour reconnaître les prétendues révélations ou inspirations d'aucun particulier, et nous ne sommes plus obligés de prêter l'oreille à aucune doctrine, au-delà de ce qui est conforme aux Saintes Ecritures qui, depuis le temps de notre Sauveur, prennent la place et suffisent à compenser le défaut [43] de toute autre prophétie, et desquelles, par une interprétation sage et érudite et une ratiocination faite avec soin, on peut facilement déduire, sans enthousiasme [44] ou inspiration surnaturelle, toutes les règles et tous les préceptes nécessaires à la connaissance de notre devoir, tant envers Dieu qu'envers l'homme. Et c'est de cette Ecriture que j'ai à tirer les principes de mon discours concernant les droits de ceux qui sont sur terre les chefs suprêmes des Républiques chrétiennes, et le devoir des sujets chrétiens envers leurs souverains. Et à cette fin, je parlerai, dans le prochain chapitre, des livres, de ceux qui les ont rédigés [45], du but et de l'autorité de la Bible.
Traduction Philippe Folliot
Version
téléchargée en août 2003.
[1] "such as experience has found true". (NdT)
[2] "consent".
"mutuel" est ajouté par F. Tricaud. G. Mairet traduit de façon
infidèle par "convention". (NdT)
[3] "not only the natural word of God, but also the prophetical". (NdT)
[4] "negotiate". F. Tricaud traduit : "pour être des instruments de négoce". (NdT)
[5] Celui qui a la foi implicite ne connaît pas le détail des dogmes mais accepte globalement ce que l'Eglise déclare. Par exemple, le croyant ne connaît évidemment pas le détail des hérésies, mais il accepte globalement que ce sont des hérésies, sans avoir les connaissances théologiques et l'autorité suffisantes. Dans notre passage, Hobbes associe explicitement la foi implicite et le non exercice de la raison naturelle. La question de la foi implicite fait d'autant plus sens au XVIIème qu'elle a été évidemment réactivée par la Réforme au XVIème. F. Tricaud a raison de rapprocher le verbe "to hold" de l'étymologie de "implicit" : voir le latin implicare. (NdT)
[6] Le
vocabulaire monétaire et commercial de ce passage ("For they are the
talents which he hath put into our hands to negotiate, till the coming again of
our blessed Saviour;and therefore not to be folded up in the napkin of an
implicit faith, but employed in the purchase of justice, peace, and true
religion") ne peut se comprendre qu'à la lumière de la parabole des
talents (Matthieu, XXV, 14-30 et Luc, XIX,12-27) qu'on peut résumer ainsi
: l'homme doit faire fructifier pour le Bien ce qui lui est donné. (NdT)
[7] "above
reason". (NdT)
[8] "we are bidden to captivate our understanding to the words". Seuls les mots français "captiver" et "subjuguer" rendent fidèlement l'anglais "to captivate".(NdT)
[9] "and
not to labour in sifting out a philosophical truth by logic of such mysteries
as are not comprehensible, nor fall under any rule of natural science".
(NdT)
[10] "understanding"
: compréhension. (NdT)
[11] "immediately"
: directement, sans médiation. (NdT)
[12] "well enough". La traduction de F. Tricaud ("adéquatement") n'est pas fidèle. (NdT)
[13] L'absence de majuscule, chez G. Mairet, étonne ... (NdT)
[14] F.
Tricaud ne tient pas compte de "all". (NdT)
[15] "the
favour of extraordinary revelation". (NdT)
[16] "which is more". Erreur de traduction de G. Mairet ("le plus souvent"). (NdT)
[17] Ville frontière de Transjordanie, au sud-est du lac de Génésareth. (NdT)
[18] Les prophètes du roi avaient prédit la victoire, alors que Michée avait prédit la défaite. (NdT)
[19] 1. Rois, XXII. (Note de Hobbes)
[20] La bible dit "l'homme de Dieu", sans préciser un nom ("vir Dei" dans la Vulgate). (NdT)
[21] 1. Rois, XIII. (Note de Hobbes)
[22] 1) La main de Jéroboam se dessèche, et le prophète apaise Dieu pour que la main revienne (XIII, 4-6). 2) Le temple se fend et la graisse se répand de l'autel (XIII, 5).
[23] Traduction inacceptable de G. Mairet : "bien qu'étant un vrai prophète, et cela à cause des miracles accomplis". (NdT)
[24] Dieu avait interdit au prophète de manger, de boire, et de repartir par le même chemin (XIII,9). Le vieux prophète de Béthel mentit en prétendant avoir été éclairé par un ange lui recommandant de faire venir l'homme de Dieu chez lui pour qu'il mange et boive (XIII,18). Dieu punit l'homme de Dieu qui fut tué par un lion et qui ne put être enseveli dans la tombe de ses pères (XIII,21-30).
[25] Deutéronome, XIII, 1-5. (Note de Hobbes) "If a prophet rise amongst you, or a dreamer of dreams, and shall pretend the doing of a miracle, and the miracle come to pass; if he say, Let us follow strange gods, which thou hast not known, thou shalt not hearken to him, etc. But that prophet and dreamer of dreams shall be put to death, because he hath spoken to you to revolt from the Lord your God". La King James version donne : "If there arise among you a prophet, or a dreamer of dreams, and giveth thee a sign or a wonder, And the sign or the wonder come to pass, whereof he spake unto thee, saying, Let us go after other gods, which thou hast not known, and let us serve them; Thou shalt not hearken unto the words of that prophet, or that dreamer of dreams: for the LORD your God proveth you, to know whether ye love the LORD your God with all your heart and with all your soul. Ye shall walk after the LORD your God, and fear him, and keep his commandments, and obey his voice, and ye shall serve him, and cleave unto him. And that prophet, or that dreamer of dreams, shall be put to death; because he hath spoken to turn you away from the LORD your God". (NdT)
[26] Il
s'agit en fait du verset 4. (NdT)
[27] "to Himself", ajoute Hobbes. (NdT)
[28] Exode, VII, 11 (épisode du bâton qui devient dragon), 22 (premier fléau), VIII, 3 (deuxième fléau). L'insuffisance des magiciens égyptiens se révèle au troisième fléau (VIII,14). (NdT)
[29] "allegiance". (NdT)
[30] L'anglais dit juste "they". (NdT)
[31] C'est l'alliance. Hobbes utilise le mot "pact". Le mot grec traduit par "alliance" peut être aussi traduit par "testament". Ainsi, les textes de l'ancienne alliance forment l'Ancien Testament, ceux de la nouvelle alliance, le Nouveau Testament. Selon la Genèse (IX,13), l'arc-en-ciel est le signe de la première alliance entre Dieu et Noé, et tous les êtres vivants. (NdT)
[32] Exode, XIX et XX. (NdT)
[33] On
lit, en Exode, XXI, 1 : "Voici
les règles que tu leur exposeras". (NdT)
[34] "for
God's anointed". Erreur de traduction de F. Tricaud qui traduit
"l'oint de Dieu" : Il eût fallu que le texte fût "The God's
Oint" ou "The Lord's Oint". On rappellera que l'onction
consistait à verser de l'huile sur la tête d'un nouveau roi ou d'un nouveau grand
prêtre. "Oint" se dit en hébreu Machia, qui a donné Messie, et se dit
en grec Christos, qui a donné Christ. (NdT)
[35] Matthieu, XXIV, 24. (Note de Hobbes) "There shall arise
(...) false Christs, and false prophets, and shall do great wonders and miracles,
even to the seducing (if it were possible) of the very elect". La King
James version donne : "For there shall arise false Christs, and false
prophets, and shall shew great signs and wonders; insomuch that, if it were
possible, they shall deceive the very elect." (NdT)
[36] Galates, I, 8 (Note de Hobbes) "if
himself or an angel from heaven preach another Gospel to them than he had
preached, let him be accursed". Conforme à la King James version. Le participe passé
"accursed" correspond dans la Vulgate et dans la version grecque de
Stephanus à "anathème". Rappelons que l'anathème est d'abord une
extermination des personnes et des biens, mais dans le Deutéronome, le mot est aussi employé au sens figuré : considéré
comme abominable. Dans le Christianisme, l'anathème est l'excommunication. (NdT)
[37] "That Gospel was that Christ was King". Autrement, cette bonne nouvelle (euaggelion en grec, evangelium en latin ecclésiastique) est que Christ est roi. G. Mairet, qui traduit "cet évangile disait que le Christ était roi" ne semble pas connaître le sens du mot "évangile". (NdT)
[38] Effectivement, Paul s'adresse aux églises chrétienne de Galaties (qu'il a créées avec Barnabas - Voir Actes), d'ailleurs à cause de contre-missionnaires judaïsants qui prêchent un évangile perverti qui tend à refuser l'universalisme de la parole du Christ en redonnant force à la loi de Moïse (ce faux évangile faisait de la circoncision une condition essentielle du salut). C'est la raison pour laquelle, dans cet épître (II, 16), saint Paul affirme que l'homme n'est pas justifié par les oeuvres de la loi, mais seulement par la foi en Jésus Christ (n'oublions que Paul s'occupait de l'évangélisation des incirconcis). (NdT)
[39] F. Tricaud ne tient pas compte de "it" ("but the prophet kas spoken it"). (NdT)
[40] F.
Tricaud ne tient pas compte de "the pride" et traduit : "mais le
prophète a parlé d'après son propre coeur", ce qui modifie
considérablement le sens du verset. La vulgate dit bien "per tumorem
animi" (Le "tumor" est l'enflure, le gonflement). La Septante
dit "en asebeia elalèsen" (l'a dite dans l'impiété). (NdT)
[41] "If
thou say in thy heart, How shall we know that the word" (of the prophet)
"is not that which the Lord hath spoken? When the prophet shall have
spoken in the name of the Lord, that which shall not come to pass, that is the
word which the Lord hath not spoken, but the prophet has spoken it out of the
pride of his own heart, fear him not". La King James version donne :
"And if thou say in thine heart, How shall we know the word which the LORD
hath not spoken? When a prophet speaketh in the name of the LORD, if the thing
follow not, nor come to pass, that is the thing which the LORD hath not spoken,
but the prophet hath spoken it presumptuously: thou shalt not be afraid of
him." (NdT)
[42] G. Mairet n'a pas compris que "certain" s'oppose à "indefinitely" : "For he may foretell it as a thing to arrive after a certain long time, longer than the time of man's life; or indefinitely, that it will come to pass one time or other". (NdT)
[43] Au sens de manque, bien évidemment. (NdT)
[44] "enthusiasm" : sans fanatisme, sans exaltation, sans prétention à l'inspiration divine. Le siècle des Lumières fera une critique assez systématique de cet enthousiasme (voir Hume et Kant par exemple). (NdT)
[45] "writers". La traduction de G. Mairet ("auteurs"), vu la nature du texte, est particulièrement maladroite. D'ailleurs, Hobbes évite le plus souvent le mot "author". (NdT)