HOBBES : LEVIATHAN – Traduction
de Philippe Folliot avec notes.
Chapitre
35 – Chapitre 37 – Sommaire
des chapitres traduits avec notes - Index Philotra
Chapitre 36 : De la parole de Dieu, et des prophètes.
Quand il est fait mention de la parole de Dieu [1], ou d'un homme, le mot parole ne signifie pas une partie d'un discours, que les grammairiens appellent un nom ou un verbe, ou un unique mot prononcé [2], sans relations avec d'autres mots [3] qui le rendraient signifiant, mais un discours ou propos complet, par lequel le locuteur affirme, nie, ordonne, promet, menace, souhaite ou interroge. En ce sens, ce n'est pas vocabulum [4] qui signifie parole, mais sermo [5] (en grec logos [6] ), c'est-à-dire discours, propos, énoncé.
En outre, quand nous disons la parole de Dieu, ou d'un homme, il faut tantôt l'entendre du locuteur, comme les paroles que Dieu a dites, ou qu'un homme a dites (en ce sens, quand nous disons l'Evangile de saint Matthieu, nous voulons dire que saint Matthieu en est le rédacteur), tantôt l'entendre du sujet dont on parle (en ce sens, quand nous lisons dans la Bible les paroles des jours des rois d'Israël, ou de Juda, il est entendu que les actes faits pendant ces jours étaient le sujet de ces paroles). Et en grec, qui, dans l'Ecriture, conserve de nombreux hébraïsmes, par la parole de Dieu est entendu non ce qui a été dit par Dieu, mais ce qui se rapporte à Dieu et à son gouvernement, c'est-à-dire la doctrine de la religion [7]. De telle sorte que c'est tout un de dire logos theou [8] et theologia, c'est-à-dire la doctrine de la religion que nous appelons habituellement théologie [9], comme le montrent clairement les passages suivants : Paul et Barnabas s'enhardirent et dirent : il était nécessaire que la parole de Dieu vous [10] soit dite en premier, mais voyant que vous la rejetez et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, nous nous tournons vers les Gentils [11] (Actes, XIII, 46). Ce qui est ici appelé la parole de Dieu était la doctrine de la religion chrétienne, comme ce qui précède le montre avec évidence [12]. Et quand il est dit aux Apôtres par un ange : allez vous tenir dans le Temple et parler de toutes les paroles de cette vie [13] (Actes, V, 20), paroles de cette vie a le sens de doctrine de l'Evangile, comme il est évident par ce qu'ils firent dans le Temple, ce qui est expliqué au dernier verset du même chapitre : chaque jour, dans le Temple et dans chaque maison, ils ne cessaient d'enseigner et de prêcher Jésus-Christ [14]. En ce passage, il est manifeste que Jésus-Christ était le sujet de cette parole de vie, ou, ce qui est tout un, le sujet des paroles de cette vie éternelle que notre Sauveur offrait aux Juifs [15]. De même, en Actes, XV, 7 [16], la parole de Dieu est appelée la parole de l'Evangile [17] parce qu'elle contient la doctrine du royaume du Christ, et la même parole est appelée, en Romains, X, 8-9, parole de foi [18], c'est-à-dire, comme cela est expliqué en cet endroit [19], la doctrine du Christ venu et ressuscité d'entre les morts. Aussi, en Matthieu, XIII, 19, on lit : quand quelqu'un entend la parole du royaume [20], c'est-à-dire la doctrine du royaume enseignée par le Christ. Encore, la même parole est dite, en Actes, XII, 24, croître et se multiplier, ce qui s'entend aisément de la doctrine évangélique [21], mais serait difficile à comprendre et étrange s'il s'agissait de la voix ou du discours de Dieu. Dans le même sens, doctrine des démons [22] (1.Timothée, IV, 1) ne signifie pas les paroles de quelque démon, mais la doctrine des païens sur les démons et ces phantasmes qu'ils adoraient comme des dieux.
Considérant ces deux significations que l'expression PAROLE DE DIEU a dans l'Ecriture, il est manifeste, en ce dernier sens (quand elle prise au sens de doctrine de la religion chrétienne), que l'Ecriture entière est la parole de Dieu, mais non au premier sens. Par exemple, bien que ces paroles Je suis le Seigneur ton Dieu [23], etc., jusqu'à la fin des dix Commandements, aient été dites par Dieu à Moïse, cependant l'incipit Dieu prononça ces paroles et dit [24] doit être entendu comme les paroles de celui qui rédigeait l'histoire sainte. Quand parole de Dieu est employé pour désigner ce que Dieu a dit, il faut l'entendre tantôt au sens propre, tantôt métaphoriquement. Au sens propre pour les paroles qu'il a dites à ses prophètes, métaphoriquement, pour sa sagesse, sa puissance, son décret éternel, dans sa création du monde. En ce sens, ces fiat (que la lumière soit, qu'il y ait un firmament, faisons l'homme, etc.)(Génèse, I) sont la parole de Dieu. Et dans le même sens, il est dit, en Jean, I, 3 : Toutes choses furent faites par elle, et rien de ce qui fut fait ne fut fait sans elle [25]; et, en Hébreux, I, 3 : il soutient toute chose par la parole de sa puissance [26], ce qui veut dire par la puissance de sa parole, c'est-à-dire par sa puissance. Et, en Hébreux, XI, 3 : les mondes ont été formés par la parole de Dieu;[27] et beaucoup d'autres passages emploient le même sens. De même, chez les Latins, le mot destin [28], qui signifie proprement la parole dite, est pris dans le même sens.
En second lieu, l'expression parole de Dieu désigne l'effet de sa parole, c'est-à-dire la chose même que Dieu, par sa parole, affirme, ordonne, dont il menace, ou qu'il promet, comme au Psaume 105, verset 19, quand Joseph est dit avoir été gardé en prison jusqu'à ce que sa parole arrive, c'est-à-dire ce qu'arrive ce qu'il avait prédit à l'échanson du Pharaon (Genèse, XL, 13) concernant son rétablissement dans ses fonctions, car dans ce passage, que sa parole arrive signifie que la chose elle-même arrive. De même, en 1.Rois, XVIII, 36, Elie dit à Dieu : J'ai accompli toutes tes paroles [29], au lieu de : J'ai accompli toutes ces choses sur ta parole [30], ou sur ton ordre. Et, en Jérémie, XVII, 15, où est la parole du Seigneur? est mis pour où est le mal dont il menaçait? Et quand il est dit, en Ezéchiel, XII, 28 : Aucune de mes paroles ne sera plus différée [31], par paroles, on entend ces choses que Dieu a promises à son peuple. Et dans le Nouveau Testament, en Matthieu, XXIV, 35, quand il est dit le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas [32], on entend : il n'est rien de ce que j'ai promis ou prédit qui ne doive s'accomplir. C'est en ce sens que Jean l'Evangéliste, en Jean, I, 14, et, je pense, uniquement lui, dit de notre Sauveur lui-même, en tant que parole de Dieu incarnée, Et la parole de Dieu s'est faite chair [33], c'est-à-dire la parole, la promesse que le Christ viendrait dans le monde, parole qui, au commencement, était avec Dieu [34], c'est-à-dire que c'était l'intention de Dieu le père d'envoyer Dieu le fils dans le monde pour éclairer les hommes sur le chemin de la vie éternelle, mais cette intention n'était pas encore mise à exécution et ne s'était pas effectivement incarnée [35]. C'est ainsi que notre Sauveur est dans ce passage appelé la parole, non parce qu'il était la promesse, mais parce qu'il était la chose promise. Ceux qui, arguant de ce passage, l'appellent couramment le Verbe de Dieu, ne font que rendre le texte plus obscur. Ils pourraient aussi bien l'appeler le nom de Dieu [36], car par nom, de même que par verbe, on n'entend qu'une partie du discours, un mot prononcé, un son [37] qui, ni n'affirme, ni ne nie, ni n'ordonne, ni ne promet, ni n'est quelque substance corporelle ou spirituelle, et qui, par conséquent, ne peut être dit être soit Dieu soit homme, alors que notre Sauveur est les deux. Et cette parole dont saint Jean, dans son Evangile, dit qu'elle était avec Dieu, dans sa première épître, au verset 1, il l'appelle la parole de vie [38], et, au verset 2, la vie éternelle [39] qui était avec le père; de sorte qu'il ne saurait être appelé parole en un autre sens qu'au sens où il est appelé vie éternelle, ce qui signifie qu'il nous a donné la vie éternelle par sa venue dans la chair. De même aussi, l'Apôtre, en Apocalypse, XIX, 13, parlant du Christ revêtu d'un manteau trempé de sang [40], dit que son nom est la parole de Dieu, ce qu'il faut comprendre comme s'il avait dit que son nom était celui qui est venu conformément à l'intention de Dieu depuis le commencement, et conformément à sa parole et à ses promesses transmises par les prophètes. De sorte qu'il n'y a rien ici sur l'incarnation d'une parole, mais il s'agit de l'incarnation de Dieu le fils, donc appelé la parole, parce que son incarnation était l'accomplissement d'une promesse, et c'est d'une manière semblable que le Saint-Esprit est appelé la Promesse [41].
Il y a aussi des passages de l'Ecriture où parole de Dieu signifie des paroles qui s'accordent avec la raison et l'équité [42], quoique, parfois, elles ne soient dites ni par un prophète ni par un saint homme. En effet, le pharaon Néko était un idolâtre, et pourtant, ses paroles au bon roi Josias, en lesquelles il lui conseillait, par des messagers, de ne s'opposer à lui dans sa marche contre Karkémish, sont dites être venues de la bouche de Dieu [43], et il est dit que Josias, ne les écoutant pas, fut tué dans la bataille [44], comme on le lit en 2.Chroniques, XXXV, 21-23. Il est vrai que, selon la même histoire relatée dans le premier livre d'Esdras, c'est Jérémie [45], et non le pharaon, qui adressa ces paroles venant de la bouche du Seigneur à Josias, mais nous devons ajouter foi à l'Ecriture canonique, quel que soit ce qui est écrit dans les Apocryphes.
L'expression parole de Dieu est prise aussi au sens de prescriptions de la raison et de l'équité [46], quand cette parole est dite, dans les Ecritures, être écrite dans le coeur de l'homme, comme dans le Psaume 37 [47], au verset 31, ou en Jérémie, XXXI, 33 [48], en Deutéronome XXX, 11-14 [49], et en de nombreux autre endroits.
Dans l'écriture, le mot PROPHETE signifie tantôt un porte-parole [50], c'est-à-dire qui parle à l'homme de la part de Dieu, ou à Dieu de la part de l'homme, tantôt celui qui prophétise [51], qui prédit des choses à venir, tantôt quelqu'un qui parle de façon incohérente, comme ceux dont l'esprit est ailleurs [52]. Le mot est le plus souvent utilisé au sens de celui qui parle de la part de Dieu au peuple. Ainsi Moïse, Samuel, Elie, Esaïe, Jérémie et d'autres étaient des prophètes. Et en ce sens, le grand prêtre était un prophète, car il était le seul à entrer dans le Sanctum Sanctorum [53] pour interroger Dieu et à transmettre au peuple sa réponse. Et c'est pourquoi, quand Caïphe dit qu'il était [54] opportun [55] qu'un seul homme meure pour le peuple [56], saint Jean, en Jean, XI, 51, déclara qu'il ne disait pas ça de lui-même mais que, étant grand prêtre cette année, il prophétisait qu'un seul homme devait mourir pour la nation [57]. De même ceux qui, dans les assemblées chrétiennes, enseignaient au peuple, étaient dits prophétiser (1.Corinthiens, XIV, 3). C'est dans le même sens que Dieu dit d'Aaron à Moïse, en Exode, IV, 16 : il sera ton porte-parole [58] auprès du peuple, il sera pour toi une bouche, et pour lui tu tiendras lieu de Dieu [59]; ce qui est appelé ici porte-parole est, en Exode, VII, 1, appelé prophète : Vois, dit Dieu, j'ai fait de toi un dieu pour Pharaon, et Aaron ton frère sera ton prophète [60]. Au sens de celui qui parle à Dieu de la part des hommes, Abraham est appelé un prophète en Genèse, XX, 7, quand Dieu, parle à Abimélek pendant un songe de cette manière : Rends donc maintenant à cet homme sa femme, car c'est un prophète, et il priera pour toi [61]. D'où il peut ressortir que le nom de prophète peut être donné sans impropriété à ceux qui, dans les Eglises chrétiennes [62], ont pour vocation de dire les prières publiques pour l'assemblée. Dans le même sens, les prophètes qui descendaient du haut lieu, de la montagne de Dieu, avec un psaltérion, un tambourin, une flûte et une harpe, avec Saül parmi eux, sont dits prophétiser, en ce qu'ils louent Dieu publiquement de cette manière (1. Samuel, X, 5-6). C'est dans le même sens que Marie [63], en Exode XV, 20, est appelée une prophétesse. C'est aussi ainsi qu'il faut le prendre, quand saint Paul, en 1.Corinthiens, XI, 4-5 [64], dit : tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte, etc., et toute femme qui prie ou prophétise la tête découverte, car prophétiser, dans ce passage, ne signifie rien de plus que louer Dieu dans des psaumes et des saints cantiques, ce que les femmes pouvaient faire à l'église, même si la loi leur interdisait de parler à l'assemblée. Et c'est en ce sens que les poètes païens, qui composaient des hymnes et d'autres sortes de poèmes en l'honneur de leurs dieux étaient appelés vates [65] (prophètes), comme cela est bien connu de tous ceux qui sont versés dans les livres des Gentils, comme on le voit clairement en Tite, I, 12, quand saint Paul dit des Crétois qu'un prophète des leurs avait dit qu'ils étaient des menteurs. Non que saint Paul tînt leurs poètes pour des prophètes, mais il reconnaît que le mot prophète était couramment utilisé pour désigner ceux qui célébraient l'honneur de Dieu en vers.
Si, par prophétie, on entend prédiction [66] des futurs contingents [67], ne furent pas prophètes seulement ceux qui qui étaient les porte-paroles de Dieu, et prédisaient à autrui ces choses que Dieu leur avait prédites, mais aussi tous ces imposteurs qui prétendent, à l'aide d'esprits familiers, ou par une divination superstitieuse des événements passés, à partir de fausses causes, prédire les mêmes événements pour le temps à venir, et (comme je l'ai déjà dit au chapitre XII de ce discours) il en existe de nombreuses sortes, et il gagnent, dans l'opinion de la plupart des gens, plus de réputation de prophétie, grâce à un événement fortuit qu'ils tordent dans tous les sens pour l'adapter à leur intention, qu'ils n'en perdront jamais par leurs nombreux échecs. La prophétie n'est pas un art, et elle n'est pas non plus, quand il s'agit de prédiction, une vocation constante, elle est une fonction extraordinaire et temporaire donnée par Dieu, le plus souvent à des hommes bons, mais quelquefois aussi à des méchants. La femme d'Endor [68], qui est dite avoir eu un esprit familier par lequel elle fit apparaître [69] un fantôme [70] de Samuel et prédit à Saül sa mort [71], n'était pourtant pas une prophétesse, car elle ne possédait aucune science par laquelle elle aurait pu faire apparaître ce fantôme, et il n'apparaît pas que Dieu ait ordonné cette apparition, il se contenta de guider cette imposture comme moyen pour produire la terreur et le découragement de Saül, et par conséquent la défaite qui amena sa chute. Quant aux propos incohérents, chez les Gentils, ils étaient pris pour une sorte de prophétie, parce que les prophètes de leurs oracles, intoxiqués par un esprit ou une vapeur venant de la grotte de l'oracle pythique à Delphes, étaient sur le moment réellement fous et ils s'exprimaient comme des fous, et à partir de ces paroles décousues, on pouvait construire un sens adapté à n'importe quel événement, de la même manière que tous les corps sont dits être faits de la materia prima [72]. Dans l'Ecriture, je trouve que le mot prophète est aussi pris en ce sens : Et l'esprit mauvais vint sur Saül, et il prophétisa au milieu de la maison [73] (1.Samuel, XVIII, 10).
Et quoiqu'il y ait autant de significations du mot prophète dans l'Ecriture, cependant, le plus fréquemment, le mot est utilisé pour désigner celui à qui Dieu déclare sans médiation [74] ce que le prophète doit dire à un autre homme déterminé ou au peuple de sa part. Sur ce point, on peut poser une question : de quelle manière Dieu parle-t-il à un tel prophète? Peut-on dire, au sens propre, pourront-ils dire certains, que Dieu a une voix et un langage, alors qu'on ne peut dire au sens propre qu'il a une langue et d'autre organes comme un homme? Le prophète David argumente ainsi : celui qui a fait l'oeil ne verra-t-il pas? Celui qui a fait l'oreille n'entendra-t-il pas? [75] Mais cela peut être dit, non comme habituellement, pour signifier la nature de Dieu, mais pour signifier notre intention de l'honorer, car voir et entendre sont des attributs honorables, et peuvent être donnés à Dieu pour que nous exprimions, dans la limite de nos capacités, sa toute-puissance [76]. Mais si on le dit au sens strict et propre, quelqu'un pourrait arguer que, puisqu'il a fait toutes les autres parties du corps humain, il a aussi le même usage que nous de ces parties, et comme beaucoup d'entre elles sont si disgracieuses, ce serait la plus grande insolence du monde que de les lui attribuer. C'est pourquoi nous devons interpréter la manière dont Dieu parle aux hommes sans médiation comme celle, quelle qu'elle soit, par laquelle il fait comprendre sa volonté aux hommes. Et les manières dont il le fait sont nombreuses, et elles doivent être cherchées seulement dans l'Ecriture sainte où, quoique il soit souvent dit que Dieu parla à telle ou telle personne, sans préciser de quelle manière, il y a cependant de nombreux passages aussi qui nous livrent les signes par lesquels ils devaient reconnaître sa présence et son commandement, et, par ces passages, on peut comprendre comment il parla à beaucoup d'hommes [77].
De quelle manière parla-t-il à Adam, à Eve, à Caïn et à Noé, ce n'est pas exprimé; ni comment il parla à Abraham, jusqu'à ce qu'il partit de son pays pour aller à Sichem, dans le pays de Canaan; et alors, Dieu est dit lui être apparu (Genèse, XII, 7 [78]). Voilà ainsi une manière par laquelle Dieu rendit sa présence manifeste : par une apparition, ou vision. De même, en Genèse, XV, 1, la parole du Seigneur vint à Abraham dans une vision [79], c'est-à-dire que quelque chose, comme un signe de la présence de Dieu, apparut en tant que messager de Dieu pour lui parler. De même, en Genèse, XVIII, 1, Dieu apparut à Abraham par l'apparition de trois anges [80]; et de nouveau à Abimélech dans un rêve [81] (Genèse, XX, 3); à Lot [82] (Genèse, XIX, 1) par l'apparition de deux anges; à Agar [83] (Genèse, XXI, 17) par l'apparition d'un seul ange, à Abraham encore [84] (Genèse, XXII, 11) par l'apparition d'une voix venue du ciel; à Isaac [85] (Genèse, XXVI, 24) pendant la nuit, c'est-à-dire, dans son sommeil, par un rêve; à Jacob [86] (Genèse, XXVIII, 12 [87]) dans un rêve (c'est-à-dire, comme le dit le texte : Jacob rêva qu'il voyait une échelle, etc.), et dans une vision d'anges [88] (Genèse, XXXII, 1); à Moïse [89] (Exode, III, 2) par l'apparition d'une flamme de feu sortant du milieu d'un buisson. Après l'époque de Moïse, quand la manière dont Dieu parlait sans médiation aux hommes est exprimée dans l'Ancien Testament, Dieu parla toujours par une vision, ou par un rêve, comme à Gédéon, à Samuel, à Elie, à Elisée, à Isaïe, à Ezéchiel, et aux autres prophètes; de même dans le Nouveau Testament, à Joseph, à saint Pierre, à saint Paul, et à saint Jean l'évangéliste dans l'Apocalypse.
C'est uniquement à Moïse que Dieu parla d'une manière plus extraordinaire, au mont Sinaï, et dans le tabernacle, et au grand prêtre dans le tabernacle, et dans le Sanctum Sanctorum [90] du temple. Mais Moïse, et après lui les grands prêtres, étaient des prophètes d'une place et d'un rang plus éminents dans la faveur de Dieu, et Dieu lui-même déclare expressément qu'aux autres prophètes, il parle en rêves et en visions, mais qu'à son serviteur Moïse, il parle comme on parle à son ami. Les paroles sont celles-ci (Nombres, XII, 6-8) : S'il y a un prophète parmi vous, moi, le Seigneur, me ferai connaître à lui dans une vision, et lui parlerai dans un rêve. Pour mon serviteur Moïse, il en est autrement, lui qui est fidèle dans toute ma maison. A lui, je parlerai de bouche à bouche, et même de façon évidente, non par des propos obscurs [91], et il apercevra l'apparence du Seigneur [92]. Et, en Exode XXXIII, 11, on lit : Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami [93]. Et cependant, le propos que Dieu tenait à Moïse se faisait par la médiation d'un ange, ou d'anges, comme il est dit expressément en Actes, VII, 35 et 53, et en Galates, III, 19 [94], et c'était donc une vision, quoique cette vision fût plus évidente que celle qui était donnée aux autres prophètes. Conformément à cela, quand Dieu dit, en Deutéronome, XIII, 1 : S'il s'élève au milieu de vous un prophète, ou un rêveur de rêves [95], la deuxième expression n'est qu'une interprétation de la première. Et, en Joël, II, 28 : Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens rêveront des rêves, et vos jeunes gens verront des visions [96], le mot prophétie est interprété par les mots rêve et vision. Et c'est de la même manière que Dieu, en 1.Rois, III, 15, parla à Salomon, lui promettant sagesse, richesses et honneurs, car le texte dit : Et Salomon s'éveilla, et s'aperçut que c'était un rêve [97]. De sorte que, en général, les prophètes extraordinaires de l'Ancien Testament ne prenaient connaissance de la parole de Dieu autrement que par des rêves et des visions, c'est-à-dire par des imaginations qu'ils avaient dans leur sommeil ou dans une extase, lesquelles imaginations étaient surnaturelles chez tout vrai prophète, alors que chez les faux prophètes, elles étaient naturelles ou feintes.
On dit cependant que les mêmes prophètes parlaient par l'esprit [98], comme quand le prophète, parlant des Juifs, dit en Zacharie, VII, 12 : Ils ont rendu leurs coeurs durs comme le diamant, pour ne pas écouter la loi et les paroles que le Seigneur des armées a envoyées dans leur esprit par les premiers prophètes [99]. Il est par là manifeste que parler par l'esprit ou par inspiration n'était pas une manière particulière que Dieu a de parler, différente de la vision, alors que ceux qui étaient dits parler par l'esprit étaient des prophètes extraordinaires, de sorte que, pour chaque nouveau message, ils devaient avoir un mandat particulier ou, ce qui est tout un, un nouveau rêve, une nouvelle vision.
Parmi les prophètes de l'Ancien Testament qui étaient prophètes par une vocation perpétuelle, certains étaient suprêmes, d'autres subordonnés. Les prophètes suprêmes furent, d'abord Moïse, et après lui les grands prêtres, un par époque, aussi longtemps que le sacerdoce fut royal [100]; et après que le peuple juif eut rejeté Dieu, pour qu'il ne régnât plus sur lui, ces rois qui se soumirent au gouvernement de Dieu furent aussi ses prophètes en chef, et la fonction de grand prêtre devint un ministère [101]. Et quand Dieu devait être consulté, ils revêtaient leurs habits sacrés et s'informaient auprès du Seigneur, comme le roi le leur avait ordonné, et ils étaient destitués de leur fonction quand le roi le jugeait bon. En effet, le roi Saül ordonna qu'on apportât l'holocauste (1.Samuel, XIII, 9), et ordonna au prêtre d'apporter l'arche près de lui (1.Samuel, XIV, 18), et, parce qu'il vit qu'il avait un avantage sur ses ennemis [102], lui ordonna de la laisser tranquille [103]. Et dans le même chapitre, Saül demande conseil à Dieu. De la manière, il est dit que le roi David, après son onction, même avant de prendre possession du royaume, demanda au Seigneur s'il devait se battre contre les Philistins à Ceïla, et David ordonna au prêtre de lui apporter l'éphod [104] pour demander s'il devait rester à Ceïla ou non [105]. Et le roi Salomon prit le sacerdoce à Abiathar (1.Rois, II, 27), et le donna à Sadoc (1.Rois, II, 35). Donc, Moïse, les grands prêtres, et les rois pieux, qui interrogeaient Dieu dans toutes les occasions extraordinaires [pour qu'il leur dise] comment ils devaient se conduire, ou quelle serait l'issue de leurs actions, étaient tous des prophètes souverains. Mais de quelle manière dieu leur parla-t-il, ce n'est pas évident. Dire que, quand Moïse monta vers Dieu au Mont Sinaï, c'était un rêve ou une vision, comme les autres prophètes en avaient, est contraire à cette distinction que Dieu fit entre Moïse et les autres prophètes, en Nombres, XII, 6-8. Dire que Dieu parla ou apparut comme il est dans sa propre nature est nier son infinité, son invisibilité et son incompréhensibilité. Dire qu'il parlait par inspiration ou par infusion de l'Esprit-Saint, comme Esprit-Saint signifie divinité, c'est faire de Moïse l'égal du Christ, en qui seul la divinité, comme le dit saint Paul en Colossiens, II, 9, habite corporellement [106]. Et enfin, dire qu'il parlait par le Saint-Esprit, comme cela signifie les grâces ou dons du Saint-Esprit, c'est lui attribuer quelque chose qui n'a rien de surnaturel. En effet, Dieu dispose les hommes à la piété, à la justice, à la miséricorde, à la vérité, à la foi, et à toutes sortes de vertus [107], tant morales qu'intellectuelles, par la doctrine, par l'exemple, et par diverses occasions, naturelles et ordinaires.
Et comme ces moyens ne peuvent être appliqués à Dieu, quand il parla à Moïse au Mont Sinaï, ils ne peuvent pas non plus lui être appliqués quand il parlait aux grands prêtres du propitiatoire [108]. Donc, la manière dont Dieu parlait à ces prophètes souverains de l'Ancien Testament, dont la fonction était de le consulter, ne peut pas être comprise [par nous] [109]. A l'époque dont parle le Nouveau Testament, il n'y avait pas d'autre prophète souverain que notre Sauveur, qui était à la fois Dieu qui parlait, et le prophète à qui il parlait.
Pour ce qui est des prophètes subordonnés de vocation perpétuelle, je ne trouve aucun passage qui prouve que Dieu leur parlait de façon surnaturelle, il leur parlait seulement de la même manière dont il parle aux hommes quand il les incline naturellement à la piété, à la croyance, à la justice, et aux autres vertus tous les autres Chrétiens. Lequel moyen, quoiqu'il consiste dans le tempérament, l'instruction, l'éducation, et dans les occasions et situations qui provoquent chez les hommes les vertus chrétiennes, est cependant attribué avec vérité à l'opération de l'esprit de Dieu, ou Saint-Esprit, que nous appelons dans notre langue Holy Ghost [110]; car il n'existe pas de bonne inclination [111] qui ne vienne de l'opération de Dieu. Mais ces opérations ne sont pas toujours surnaturelles. Quand donc un prophète est dit parler dans l'esprit, ou par l'esprit de Dieu, nous devons uniquement comprendre qu'il parle conformément à la volonté de Dieu exprimée par le prophète suprême. En effet, l'acception la plus courante du mot esprit est de signifier l'intention d'un homme, son esprit, sa disposition [112].
A l'époque de Moïse, outre lui-même, il y eut soixante-dix hommes qui prophétisèrent dans le camp des Israélites. De quelle manière Dieu leur parla-t-il, c'est indiqué au chapitre XI des Nombres, au verset 25 : Le Seigneur descendit dans une nuée, et parla à Moïse, et il prit de l'esprit qui était sur lui et le donna aux soixante-dix anciens. Et il arriva qu'aussitôt que l'esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent et ne cessèrent pas [113]. Il est manifeste par là, d'abord, que leur fonction de prophète pour le peuple était soumise et subordonnée [114] à la fonction de prophète de Moïse. Pour cela, Dieu prit de l'esprit de Moïse et le mit sur eux, de sorte qu'ils prophétisaient comme Moïse le voulait; autrement, il n'aurait pas permis du tout qu'ils le fissent. En effet, il y eut une plainte déposée auprès de Moïse contre eux (verset 27), et Josué voulut que Moïse leur interdît de prophétiser, mais il ne le fit pas et dit à Josué : ne sois pas jaloux en mon nom. Deuxièmement, l'esprit de Dieu, dans ce passage, signifie seulement l'état d'esprit et la disposition à obéir [115] à Moïse et à l'assister dans l'administration du gouvernement. Car si cela signifiait qu'ils avaient l'esprit substantiel de Dieu (c'est-à-dire la nature divine) insufflé en eux [116], alors ils l'avaient d'une manière égale à celle du Christ lui-même, en qui seul l'esprit de Dieu habitait corporellement [117]. Cela s'entend donc du don et de la grâce de Dieu, qui les conduisaient à coopérer avec Moïse, de qui leur esprit venait. Et il apparaît au verset 16 qu'ils étaient ceux que Moïse lui-même dut nommer anciens et chefs [118], car il est dit : Assemble-moi soixante-dix hommes, que tu sais être les anciens et les chefs du peuple [119], où, tu sais équivaut à tu nommes, ou tu as nommé pour être tels. En effet, on nous a dit auparavant, en Exode, XVIII, que Moïse, suivant le conseil de Jéthro, son beau-père, nomma juges et chefs du peuple ceux qui craignaient Dieu [120], et de ces hommes étaient les soixante-dix que Dieu, en mettant sur eux l'esprit de Moïse, inclina à l'assister dans l'administration du royaume. Et c'est en ce sens que l'esprit de Dieu est dit, en 1.Samuel, XVI, 13-14, au moment de l'onction de David, être venu sur David et avoir quitté Saül, Dieu donnant ses grâces à celui qu'il choisissait pour gouverner son peuple, et les enlevant à celui qu'il rejetait. De sorte que esprit signifie inclination au service de Dieu, et non quelque révélation surnaturelle.
Dieu parla aussi souvent par le résultat des tirages au sort qui étaient ordonnés par ceux à qui il avait donné autorité sur son peuple. Ainsi, nous lisons, en 1.Samuel, XIV, 43, que Dieu, par un tirage au sort décidé par Saül, rendit manifeste la faute que Jonathan avait commise en mangeant un rayon de miel, contrairement au serment prêté par le peuple [121]. Et Dieu divisa le pays de Canaan entre les Israélites par des sorts que Josué jeta devant le Seigneur à Silo [122] (Josué, XVIII, 10). Il semble que ce fût de la même manière que Dieu révéla le crime d'Acham (Josué, VII, 16 sqq.). Et ce sont là les moyens par lesquels Dieu exprima sa volonté dans l'Ancien Testament.
Tous ces moyens, il les utilise aussi dans le Nouveau Testament : envers la Vierge Marie, par une vision d'un ange [123], Joseph [124], dans un rêve, Paul aussi, sur le chemin de Damas [125], dans une vision de notre sauveur, Pierre, dans la vision d'une nappe descendue du ciel avec diverses sortes de viandes d'animaux purs et impurs [126], dans sa prison, par la vision d'un ange [127], et envers tous les apôtres et rédacteurs du Nouveau Testament, par les grâces de son esprit, et envers les apôtres encore, dans le choix de Mathias pour prendre la place de Judas Iscariote, par tirage au sort [128].
Etant donné que toute prophétie suppose une vision ou un rêve (les deux, quand ils sont naturels, sont la même chose), ou quelque don spécial de Dieu, si rarement observé dans l'humanité qu'on les admire quand on l'observe, et étant donné aussi que de tels dons, comme les rêves et les visions les plus extraordinaires, peuvent procéder de Dieu, non seulement par son opération surnaturelle et immédiate, mais aussi par son opération naturelle et par la médiation des causes secondes [129], il est besoin de raison et de jugement pour discerner entre les dons naturels et les dons surnaturels, et entre les visions et rêves naturels et les visions et rêves surnaturels. En conséquence, il a fallu que les hommes fussent très circonspects et prudents en obéissant à la voix d'un homme qui, se prétendant prophète, exige que nous obéissions à Dieu dans cette voie qu'il dit être, au nom de Dieu, la voie du bonheur. En effet, celui qui prétend enseigner aux hommes la voie d'une si grande félicité prétend les gouverner, c'est-à-dire leur imposer des règles et régner sur eux, ce qui est une chose que tous les hommes désirent naturellement, mérite donc d'être soupçonné d'ambition et d'imposture, et, par conséquent, tout homme, avant de lui obéir, doit le soumettre à un examen et le mettre à l'épreuve, à moins que cette obéissance n'ait déjà été accordée lors de l'institution de la République; comme quand le prophète est le souverain civil, ou est un prophète autorisé par ce souverain. Et si cet examen des prophètes et des esprits n'était pas autorisé à chaque membre du peuple, il aurait été vain de poser les marques par lesquelles tout homme peut distinguer entre ceux qu'il doit suivre et ceux qu'il ne doit pas suivre. Vu donc que ces marques sont posées en Deutéronome, XIII, 1 sqq., [130] pour reconnaître un prophète, et, en 1.Jean, IV, 1, pour reconnaître un esprit [131]; vu le nombre important de prophéties dans l'Ancien Testament, et le nombre important de prédications contre les prophètes dans le Nouveau Testament, et vu que le nombre ordinaire de faux prophètes est beaucoup grand que le nombre de vrais prophètes, chacun doit prendre garde au fait qu'il obéit à leurs instructions à ses risques et périls. Et d'abord, qu'il y eut beaucoup plus de faux que de vrais prophètes est visible par le fait que, quand Achab consulta quatre cents prophètes, ils étaient tous des imposteurs, sauf un seul, Michée (1.Rois, XXII [132]). Et peu de temps avant la captivité, les prophètes étaient généralement menteurs. Les prophètes, dit le Seigneur par Jérémie, en XIV, 14, prophétisent des mensonges en mon nom. Je ne les ai pas envoyés, ni ne les ai commandés, ni ne leur ai parlé. Ils prophétisent pour vous une fausse vision, une chose de rien [133], la tromperie de leur coeur [134]. A tel point que Dieu ordonna au peuple, par la bouche du prophète Jérémie (XXIII, 16) de ne pas leur obéir : Ainsi parle le Seigneur des armées, n'écoutez pas les paroles des prophètes qui prophétisent pour vous. Ils vous rendent vains [135], ils parlent d'une vision [qui vient] de leur propre coeur, et non de la bouche de Dieu [136].
Etant donné qu'il y avait à l'époque de l'Ancien Testament de telles querelles entre les prophètes visionnaires, l'un disputant avec l'autre, et demandant : quand l'esprit du Seigneur s'est-il écarté de moi pour aller en toi [137]? (ce fut le cas entre Michée et le reste des quatre cents [prophètes], étant donné les accusations de mensonge entre eux, comme en Jérémie, XIV, 14 [138]), et, de nos jours, dans le Nouveau Testament, toutes les polémiques parmi les prophètes spirituels [139], chacun était alors tenu, et est aujourd'hui tenu de faire usage de sa raison naturelle [140] pour appliquer à toutes les prophéties ces règles que Dieu nous a données pour distinguer les vraies des fausses. Parmi ces règles, dans l'Ancien Testament, l'une était la conformité de la doctrine à ce que Moïse le prophète souverain leur avait enseigné, et l'autre le pouvoir miraculeux de prédire ce que Dieu ferait arriver, comme je lai déjà montré par le Deutéronome, XIII, 1sqq. Et dans le Nouveau Testament, il n'y avait qu'un seul signe, et c'était la prédication de cette doctrine que Jésus est le Christ, c'est-à-dire le roi des Juifs annoncé dans l'Ancien Testament. Quiconque niait cet article était un faux prophète, quels que fussent les miracles qu'il pût sembler opérer, et celui qui enseignait cet article était un vrai prophète. En effet, saint Jean, parlent expressément des moyens d'examiner les esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu ou non, après avoir dit qu'il s'élèverait de faux prophètes [141], dit ceci, en 1.Jean, IV, 2 : A ceci, vous reconnaissez l'esprit de Dieu. Tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est de Dieu [142], c'est-à-dire est approuvé et autorisé comme un prophète de Dieu. Non que celui qui confesse, professe ou prêche que Jésus est le Christ soit un homme pieux, ou l'un des élus; mais par ce [simple] fait [de confesser, de professer ou de prêcher ainsi], il est un prophète avéré [143]. En effet, Dieu, parfois, parlait par des prophètes dont il n'avait pas agréé la personne, comme il le fit par Balaam [144], et comme il prédit à Saül sa mort par la magicienne d'Endor [145]. De même, au verset suivant [146], il est dit : tout esprit qui ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair n'est pas de Dieu. Et c'est l'esprit de l'Antichist [147]. De sorte que la règle est parfaite des deux côtés : est un vrai prophète celui qui prêche que le Messie est déjà venu en la personne de Jésus, et est un faux prophète celui qui le nie, et le cherche en quelque imposteur à venir qui se permettra de s'attribuer faussement cet honneur, imposteur que les apôtres appellent de façon appropriée Antichrist [148]. Tout homme doit donc considérer qui est le prophète souverain, c'est-à-dire qui est le vicaire [149] de Dieu sur terre, qui a, juste au-dessous de Dieu, l'autorité de gouverner les chrétiens, et il doit observer comme une règle qu'il ne faut suivre que ce que ce vicaire a ordonné d'enseigner au nom de Dieu [150], et, de cette façon, il doit faire l'examen de la vérité de ces doctrines, éprouver la vérité de ces doctrines que de prétendus prophètes, avec ou sans miracles, avanceront à tout moment; et s'il les trouve contraires à cette règle, de faire comme le firent ceux qui vinrent à Moïse pour se plaindre que certains prophétisaient dans le camp, dont l'autorité pour le faire leur semblait douteuse, et de laisser le souverain, comme les Juifs le firent pour Moïse, décider de tolérer ou d'interdire la chose après avoir examiné le cas. S'il désavoue ces hommes, il ne faut plus obéir à leurs ordres, mais s'il les approuve, il faut leur obéir comme à des hommes à qui Dieu a donné une partie de l'esprit à leur souverain. En effet, quand des chrétiens ne prennent pas leur souverain chrétien pour le prophète de Dieu, ils doivent soit prendre leurs propres rêves pour la prophétie par laquelle ils entendent être gouvernés, et l'enflure [151] de leur propre coeur pour l'esprit de Dieu, soit souffrir d'être menés par quelque prince étranger, ou par certains des autres sujets [152] de la République, qui peuvent les ensorceler par des calomnies contre le gouvernement et les pousser à la rébellion [153], sans autre miracle, pour confirmer leur vocation, que, parfois, un succès et une impunité extraordinaires, détruisant de cette façon toutes les lois, aussi bien divines qu'humaines, réduisant tout ordre, tout gouvernement et toute société au chaos primitif de la violence et à la guerre civile.
Traduction Philippe Folliot
[1] "the word of God". "Verbum" en latin.
(NdT)
[2] "simple voice". Hobbes utilise l'anglais
"voice" comme on peut parfois utiliser le latin "vox".
(NdT)
[3] "words". (NdT)
[4] Nom, mot, terme. (NdT)
[5] Entretien, conversation, paroles échangées. (NdT)
[6] Parole, discours, entretien, etc., mais il arrive que
le mot grec signifie mot. Le texte biblique grec utilise aussi le mot
"rema" (verbe, mot, parole). (NdT)
[7] "the doctrine of
religion". Le
mot "doctrine" (voir son étymologie) désigne ici aussi bien
l'enseignement (teaching) que le contenu de l'enseignement. (NdT)
[8] En caractères grecs dans le texte. Le sens est : parole
de Dieu. (NdT)
[9] "divinity", qui désigne (quand il ne désigne
pas la divinité) la théologie ou l'enseignement religieux. (NdT)
[10] C'est-à-dire aux Juifs. (NdT)
[11] "Then Paul and Barnabas waxed
bold, and said, it was necessary that the word of God should first have been
spoken to you, but seeing you put it from you, and judge yourselves unworthy of
everlasting life, lo, we turn to the Gentiles". Conforme à la King James version. (NdT)
[12] Les versets qui précèdent, dans le chapitre XIII, sont
en effet très clairs sur le sens de l'enseignement de Paul. (NdT)
[13] "Go stand and speak in the
Temple all the words of this life". Conforme à la King James version. (NdT)
[14] Actes,
V, 42 : "Daily in the Temple, and in every house, they ceased not to teach
and preach Christ Jesus". Conforme à la King James version. (NdT)
[15] "them". Ici, au chapitre 5, la parole ne
concerne encore que les Juifs. C'est avec la vision de Pierre, puis avec la
conversion et les actions de Paul (Saul), et la persécution, que la parole
s'adressera aussi aux païens. (NdT)
[16] Et non XV, 17, comme le note G. Mairet. (NdT)
[17] "verbum evangelii", dit
la Vulgate. (NdT)
[18] "verbum fidei", dit la Vulgate. (NdT)
[19] "That if thou shalt confess with
thy mouth the Lord Jesus, and shalt believe in thine heart that God hath raised
him from the dead, thou shalt be saved." (King James version, Romains, X, 9) La version Darby donne : "si tu confesses de ta
bouche Jésus comme Seigneur et que tu croies dans ton coeur que Dieu l'a
ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé."(NdT)
[20] "verbum regni", dit la Vulgate. (NdT)
[21] "evangelical doctrine". (NdT)
[22] "doctrine of devils".
(NdT)
[23] Exode,
XX, 2 : "I am the Lord thy God". Conforme à la King James version. (NdT)
[24] Exode,
XX, 1. (NdT)
[25] "All things were made by it,
and without it was nothing made that was made". La King James version
donne : "All things were made by him; and without him was not any thing
made that was made". (NdT)
[26] La king James version et la version
Douay-Rheims disent bien, en effet : "upholding all things by the word of
his power". Idem
chez Darby ("parole de la puissance") mais pas dans la T.O.B.
("puissance de la parole"). La vulgate donne "portansque omnia
verbo virtutis". La version grecque de Stephanus donne : "pheron te
ta panta to remati tes dunameos". (NdT)
[27] "verbo dei", dit la Vulgate, "remati
theou", dit le version grecque de Stephanus. (NdT)
[28] Hobbes donne l'anglais "fate", non le latin
"fatum". (NdT)
[29] Sens : les actes ordonnés par toi. Hobbes suit ici la
vulgate et non la King James version : "cumque iam tempus esset ut
offerretur holocaustum accedens Helias propheta ait Domine Deus Abraham Isaac
et Israhel hodie ostende quia tu es Deus Israhel et ego servus tuus et iuxta
praeceptum tuum feci omnia verba
haec" (souligné par nous). La traduction de G. Mairet (qui ne traduit pas
les citations faites par Hobbes) est totalement infidèle. (NdT)
[30] C'est la formule que donne la King
James Version : "I have done all these things at thy word". (NdT)
[31] Je reprends ici la traduction Darby. F. Tricaud traduit
"ne sera ajournée davantage". (NdT)
[32] "heaven and earth shall pass
away, but my words shall not pass away". Conforme à la King James version. (NdT)
[33] "And the Word was made
flesh". Conforme
à la King James version. La Vulgate donne "et Verbum caro factum
est", la Stephanus grecque "kai o logos sarx egeneto". (NdT)
[34] Jean, I, 1.
(NdT)
[35] "actually incarnate".
(NdT)
[36] "the Noun of God". the
noun : le substantif. (NdT)
[37] "a part of speech, a voice, a
sound". (NdT)
[38] "verbo vitae" dans la Vulgate. (NdT)
[39] "vitam aeternam" dans la Vulgate. (NdT)
[40] "dipped in blood". F. Tricaud, très
certainement influencé par le texte grec du Nouveau testament ("kai
peribeblhmenos imation
bebammenon") traduit "teint de sang" (Darby traduit :
"teint dans le sang") ("bamma" désignant de façon générale
un liquide dans lequel on trempe quelque chose, et de façon plus étroite, une
teinture). La vulgate ("et vestitus erat vestem aspersam sanguine")
se contente d'une idée d'aspersion, d'arrosement. (NdT)
[41] Luc, XXIV, 49
et Actes, I, 4 (Note de Hobbes).
[42] "such words as are consonant
to reason and equity". (NdT)
[43] "from the mouth of God".
(NdT)
[44] La King James version, en XXXV, 22
donne : "Nevertheless Josiah would not turn his face from him, but
disguised himself, that he might fight with him, and hearkened not unto the
words of Necho from the mouth of God,
and came to fight in the valley of Megiddo."(Souligné par nous) La vulgate
dit : "ex ore Dei" (NdT)
[45] Effectivement dans l'Apocryphe
1.Esdras de la King James Version, on lit en I, 28 : "not regarding the
words of the prophet Jeremy spoken by the mouth of the Lord". Même référence pour la Vulgate
qui parle de prophète sans donner le nom de Jérémie. (NdT)
[46] "the dictates of reason and
equity". (NdT)
[47] "The law of his God is in his
heart" ((King James version) (NdT)
[48] "After those days, saith the
LORD, I will put my law in their inward parts, and write it in their
hearts". (King James version) (NdT)
[49] "But the word is very nigh
unto thee, in thy mouth, and in thy heart, that thou mayest do it." (King James version) (NdT)
[50] "prolocutor" : quand le mot ne désigne pas une
fonction particulière dans l'Eglise d'Angleterre, il signifie porte-parole et a
quasiment le sens de "spokesman", que Hobbes utilise plus loin. En
latin, le prolocutor est l'avocat, celui qui défend un homme en parlant à sa
place.(NdT)
[51] "predictor". Le mot "foreteller", qui
suit, a exactement le même sens. (NdT)
[52] "as men that are
distracted". "comme
le font les hommes hors de sens", traduit F. Tricaud. G. Mairet choisit le
mot "dérangés". (NdT)
[53] Le Saint des Saints ("Holiest of all" dans la
King James version, qui utilise aussi "most holy") : alors que les
prêtres entraient dans le lieu saint, seul le grand prêtre pouvait entrer dans
le lieu très saint une fois par an pour le Yom Kippour (voir Lévithique, XVI). Il semble que
l'expression "Saint des Saints", en ce sens, ne soit utilisée, dans
les versions françaises, qu'en Hébreux,
IX, 3. Les traducteurs utilisent souvent l'expression "très saint" ou
"très-saint" La vulgate utilise plusieurs fois l'expression
"Sanctum Sanctorum", principalement en Exode. (NdT)
[54] La King James version dit :
"he prophesied that Jesus should die for that nation" (Jean, XI, 50). (NdT)
[55] "expedient". (NdT)
[56] "for the people". Rien ne correspond à
"tout" dans le texte anglais. F. Tricaud traduit en effet "tout
le peuple".
[57] "He spake not this of himself,
but being high priest that year, he prophesied that one man should die for the
nation". Conforme
à la King James version. (NdT)
[58] "spokesman". "loquetur", dit la
Vulgate. La Septante donne : "kai autos soi proslalèsei pros ton
laon". (NdT)
[59] "He shall be thy spokesman to
the people; and he shall be to thee a mouth, and thou shalt be to him instead
of God". "instead of a mouth", dit la King James version. (NdT)
[60] "See (...) I have made thee a
god to Pharaoh, and Aaron thy brother shall be thy prophet". Conforme à la King James
version. (NdT)
[61] "Now therefore restore the man
his wife, for he is a prophet, and shall pray for thee". Conforme à la King James
version. (NdT)
[62] Pourquoi G.Mairet éprouve-t-il le besoin de traduire
"churches" par "congrégations"? (NdT)
[63] Forme gréco-latine de Miryam. (NdT)
[64] Et non, comme le note G. Mairet, XI, 45. (NdT)
[65] En latin, devin, prophète, poète inspiré, mot à partir
duquel se construira le verbe français vaticiner. La vulgate n'utilise jamais
le mot "vates" et utilise systématiquement "propheta", le
texte grec utilisant "prophetes". (NdT)
[66] Hobbes utilise ici deux mots : "prediction" et
"foretelling". (NdT)
[67] "future contingents". (NdT)
[68] 1.Samuel,
XVIII, 7. (NdT)
[69] Hobbes utilise le verbe "to raise". La King
James Version utilise le verbe "to bring up" et le verbe "to
ascent". (NdT)
[70] "phantasm". (NdT)
[71] 1.Samuel,
XVIII, 19. (NdT)
[72] Expression thomiste (Somme
théologique, Ia pars, q.44). (NdT)
[73] "And the evil spirit came upon
Saul, and he prophesied in the midst of the house". Conforme à la King James
Version. (NdT)
[74] "immediately".
[75] Psaume
94, verset 9. Hobbes ne recopie ni exactement la vulgate (Psaume 93), ni exactement la K.J.V. La King James version donne :
"He that planted the ear, shall he not hear? he that formed the eye, shall
he not see?". Hobbes écrit : "Shall He that made the eye, not see? or
He that made the ear, not hear?" (NdT)
[76] "to declare as far as capacity
can conceive His almighty power". (NdT)
[77] Exactement "à beaucoup parmi les autres".
(NdT)
[78] Darby : "Et le Cananéen était alors dans le pays.
Et l'Éternel apparut à Abram, et dit: Je donnerai ce pays à ta semence. Et
Abram bâtit là un autel à l'Éternel, qui lui était apparu." La vulgate
utilise le verbe appareo, apparaître, être visible, se montrer, et la King
James version le verbe "to appear".. (NdT)
[79] Darby : "Après ces choses, la parole de l'Éternel
fut adressée à Abram dans une vision, disant: Abram, ne crains point; moi, je
suis ton bouclier et ta très-grande récompense." "per visionem",
dit la Vulgate. (NdT)
[80] Darby : "Et l'Éternel lui apparut auprès des chênes
de Mamré; et il était assis à l'entrée de la tente, pendant la chaleur du jour.
Et il leva les yeux et regarda; et voici, trois hommes se tenaient près de lui;
et quand il les vit; il courut de l'entrée de la tente à leur rencontre, et se
prosterna en terre."(XIX, 1-2) (NdT)
[81] Darby : "Et Dieu vint vers Abimélec la nuit, dans
un songe, et lui dit: Voici, tu es mort à cause de la femme que tu as prise,
car elle est une femme mariée." (NdT)
[82] Darby : "Et les deux anges vinrent à Sodome sur le
soir; et Lot était assis à la porte de Sodome. Et Lot les vit, et il se leva
pour aller à leur rencontre, et se prosterna le visage en terre." (NdT)
[83] Darby : "Et Dieu entendit la voix de l'enfant, et
l'Ange de Dieu appela des cieux Agar, et lui dit: Qu'as-tu, Agar? Ne crains
point, car Dieu a entendu la voix de l'enfant, là où il est." (NdT)
[84] Darby : "Mais l'Ange de l'Éternel lui cria des
cieux, et dit: Abraham! Abraham! Et il dit: Me voici." (NdT)
[85] Darby : "Et l'Éternel lui apparut cette nuit-là, et
dit: Je suis le Dieu d'Abraham ton père; ne crains pas, car je suis avec toi;
et je te bénirai, et je multiplierai ta semence, à cause d'Abraham, mon
serviteur." (NdT)
[86] Darby : "Et il songea: et voici une échelle dressée
sur la terre, et son sommet touchait aux cieux; et voici, les anges de Dieu
montaient et descendaient sur elle" (NdT)
[87] Et non XVIII, 12 comme le note par erreur F. Tricaud
(même erreur, bizarrement, chez G. Mairet). (NdT)
[88] Darby : "Et Jacob alla son chemin. Et les anges de
Dieu le rencontrèrent." (NdT)
[89] Darby : "Et l'Ange de l'Éternel lui apparut dans
une flamme de feu, du milieu d'un buisson à épines; et il regarda, et voici, le
buisson était tout ardent de feu, et le buisson n'était pas consumé."
(NdT)
[90] Voir note déjà écrite à ce sujet. (NdT)
[91] "per enigmata", dit la
Vulgate. (NdT)
[92] "and the similitude of the
Lord shall he behold". Hobbes cite la King James version. Darby donne : "S'il y a un
prophète parmi vous, moi l'Éternel, je me ferai connaître à lui en vision, je
lui parlerai en songe. Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est
fidèle dans toute ma maison; je parle avec lui bouche à bouche, et en me
révélant clairement, et non en énigmes; et il voit la ressemblance de
l'Éternel." Pour la dernière proposition, la vulgate utilise le latin
"figura" qui désigne la forme, la silhouette, l'apparence, la configuration
extérieure. La septante utilise le bien connu "eidos". La T.O.B.
donne "forme". Notons que la version Douay-Rheims se contente de
"he see the Lord", "il voit le Seigneur". Hobbes, plus bas,
refuse clairement, au nom de l'infinité de Dieu, que Dieu parle ou apparaisse dans sa propre nature. (NdT)
[93] "The Lord spake to Moses face
to face, as a man speaketh to his friend". "unto his friend",
dit la King James version. (NdT)
[94] Darby donne : "Ce Moïse qu'ils avaient rejeté,
disant: Qui t'a établi chef et juge? celui-là, Dieu l'a envoyé pour chef et
pour libérateur, par la main de l'ange qui lui était apparu au buisson."(Actes, VII, 35) "vous qui avez reçu
la loi par la disposition des anges, et qui ne l'avez point gardée."(Actes, VII, 53) "Pourquoi donc la
loi? Elle a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu'à ce que vînt la
semence à laquelle la promesse est faite, ayant été ordonnée par des anges, par
la main d'un médiateur."(Galates,
III, 19) (NdT)
[95] "If there arise amongst you a
prophet, or dreamer of dreams". Conforme à la King James version. (NdT)
[96] "Your sons and your daughters
shall prophesy; your old men shall dream dreams, and your young men shall see
visions". Conforme
à la King James version. (NdT)
[97] "And Solomon awoke, and behold
it was a dream". Conforme à la King James version. (NdT)
[98] "speak by the spirit".
(NdT)
[99] "They made their hearts hard
as adamant, lest they should hear the law, and the words which the Lord of
Hosts hath sent in His Spirit by the former prophets". Conforme à la King James
version. (NdT)
[100] "as long the priesthood was
royal". Il
faut entendre, par cette formule mal choisie : "tant que le grand prêtre
fut grand prêtre d'un peuple dont le roi était Dieu", c'est-à-dire jusqu'à
l'élection de Saül (1.Samuel, X)
(NdT)
[101] "and the high priest's office
became ministerial". La traduction de F. Tricaud, en respectant l'esprit, n'est pas
fidèle à la lettre ("devint subordonnée"). (NdT)
[102] Il entend l'agitation qui augmente dans le camp des
Philistins (1.Samuel, XIV, 19). (NdT)
[103] "to let it alone" : de ne pas y toucher (Hobbes
ne suit pas exactement la King James version qui donne "Withdraw thine
hand", "retire ta main", ce qui est conforme à la Vulgate et à
la Septante). (NdT)
[104] Vêtement liturgique dont la forme ne semble pas évidente
à préciser (sorte de robe?). Les nombreuses allusions à l'éphod, en Exode,
permettent en tout cas de refuser qu'il s'agisse, comme on l'a parfois dit,
d'une bande d'étoffe autour des reins. (NdT)
[105] 1.Samuel,
XXXIII, 6-11. (NdT)
[106] "in whom only the Godhead, as
St. Paul speaketh, dwelleth bodily". Hobbes ne cite pas (pour éviter ce
qu'il considère comme une obscurité : la plénitude) la King James version
("For in him dwelleth all the fulness of the Godhead bodily") qui,
comme la version Douay-Rheims ("For in him dwelleth all the fulness of the
Godhead corporeally"), respecte la Vulgate, que Hobbes évite aussi,
("quia in ipso inhabitat omnis plenitudo divinitatis corporaliter")
et le texte grec ("oti en autô katoikei pan to plèrôma tès théothos
sômatikôs" - Stephanus). Darby donne : "car en lui habite toute la plénitude de la
déité corporellement"(Louis Segond utilisait le mot "divinité").
(NdT)
[107] "and all manner of
virtue". (NdT)
[108] "mercy seat" : couvercle (deuxième couvercle)
de l'arche considéré comme l'objet le plus sacré du tabernacle, puisque Dieu
descend sur le propitiatoire (voir Exode,
XXV, 22) pour parler. Vulgate : "propitiatorium". G. Mairet traduit
par "siège de miséricorde". (NdT)
[109] "is not intelligible".
(NdT)
[110] "yet it is truly attributed to
the operation of the Spirit of God, or Holy Spirit, which we in our language
call the Holy Ghost". (NdT)
[111] ou penchant ("inclination"). (NdT)
[112] "a man's intention, mind, or
disposition". (NdT)
[113] "The Lord came down in a cloud,
and spake unto Moses, and took of the spirit that was upon him, and gave it to
the seventy elders. And it came to pass, when the spirit rested upon them, they
prophesied, and did not cease". Conforme à la King James version. (NdT)
[114] "subservient and
subordinate". Les
deux mots ont ici quasiment le même sens (bien que le premier indique une
subordination du service et le deuxième une subordination hiérarchique). (NdT)
[115] "the mind and disposition to
obey". (NdT)
[116] "they had the substantial
Spirit of God; that is, the divine nature, inspired into them". G.Mairet, qui traduit "qui
les inspirait de l'intérieur", n'a pas ici compris le sens de
"into". (NdT)
[117] Allusion à Colossiens,
II, 9. (NdT)
[118] Hobbes reprend de la King James version le mot
"officers" (et tout le passage, plus loin). La vulgate dit
"magistri", ceux qui ont le commandement, les chefs. Darby dit
"magistrats". (NdT)
[119] "Gather unto me seventy men,
whom thou knowest to be elders and officers of the people". La King James
version donne : "Gather unto me seventy men of the elders of Israel, whom
thou knowest to be the elders of the people, and officers over them". (NdT)
[120] Exode,
XVIII, 17-24. (NdT)
[121] 1.Samuel, XIV,
24. (NdT)
[122] "by the lots that Joshua did cast
before the Lord in Shiloh". Hobbes suit la King James version qui utilise en effet le verbe
"to cast", qui correspond au "mitto" de la vulgate et au
"ballô" de la septante. Il s'agit bien sûr du tirage au sort. (NdT)
[123] Luc,
I, 26-38. (NdT)
[124] Matthieu,
I, 20-23. (NdT)
[125] Actes,
IX, 3-9. (NdT)
[126] Actes,
X, 11-16. (NdT)
[127] Actes,
XII, 7-10. (NdT)
[128] Actes,
I, 24-26. (NdT)
[129] "may proceed from God, not only
by His supernatural and immediate, but also by his natural operation, and by mediation
of second causes". (NdT)
[130] Le chapitre XIII ne donne pas des signes, mais un seul
signe : le faux prophète ordonne d'adorer d'autres dieux. (NdT)
[131] Ce chapitre donne comme signe de l'esprit de Dieu la
reconnaissance de l'incarnation divine. (NdT)
[132] Le texte biblique ne dit pas que ce sont de faux
prophètes, mais que Dieu a mis ponctuellement en eux l'esprit du mensonge pour
qu'ils incitent le roi à partir au combat en annonçant faussement la victoire. (NdT)
[133] "a thing of naught". Bien que certaines traductions
donnent en effet cette idée de vanité, elle n'est présente pour ce verset ni
dans la Vulgate, ni dans la Septante. La version Douay/Rheims ne fait
d'ailleurs pas allusion à cette idée. (NdT)
[134] "The prophets (...) prophesy
lies in my name. I sent them not, neither have I commanded them, nor spake unto
them: they prophesy to you a false vision, a thing of naught, and the deceit of
their heart". Conforme
à la King James version. (NdT)
[135] Là, en revanche, l'idée de vanité est bien présente dans
la Septante ("mataiousin"). (NdT)
[136] "Thus saith the Lord of Hosts,
hearken not unto the words of the prophets that prophesy to you. They make you
vain: they speak a vision of their own heart, and not out of the mouth of the
Lord". Conforme
à la King James version.(NdT)
[137] "When departed the spirit from
me, to go to thee?". La King James version donne précisément : "Which
way went the Spirit of the LORD from me to speak unto thee?" (1.Rois, XXII,24)
[138] Précisément, dans ce verset, c'est
Dieu qui s'en prend aux faux prophètes : "Then the LORD said unto me, The
prophets prophesy lies in my name: I sent them not, neither have I commanded
them, neither spake unto them: they prophesy unto you a false vision and
divination, and a thing of nought, and the deceit of their heart" (King
James version. (NdT)
[139] La version latine indique clairement qu'il s'agit de ceux
qui prétendent posséder le Saint-Esprit. (NdT)
[140] "bound to make use of his
natural reason". (NdT)
[141] 1.Jean, II, 12
sqq. (NdT)
[142] "Every spirit that confesseth
that Jesus Christ is come in the flesh, is of God". Conforme à la King James
version. (NdT)
[143] G. Mairet ne parvient pas à rendre compte du sens du
passage. (NdT)
[144] Nombres, XXII,
12. (NdT)
[145] 1.Samuel,
XXVIII. (NdT)
[146] De la première Epitre de Jean, autrement dit en IV, 3. (NdT)
[147] F. Tricaud : "Antéchrist". "et omnis
spiritus qui solvit Iesum ex Deo non est et hoc est antichristi quod audistis
quoniam venit et nunc iam in mundo est" (Vulgate) La version grecque de
Stephanus emploie le mot "antikhristos". Hobbes suit la
King James version : "Every spirit that confesseth not that Jesus Christ
is come in the flesh, is not of Christ. And this is the spirit of
Antichrist". (NdT)
[148] On ne trouve le mot que dans les Epîtres de Jean,
précisément : 1.Jean, II, 18 et 22,
et 2.Jean, I, 7 et IV, 3. (NdT)
[149] "viceregent" (terme absent de la King James
version), terme souvent utilisé pour rendre compte de l'autorité du pape, le
"vicarius", celui qui "remplace" Dieu sur Terre. C'est
évidemment le souverain chez Hobbes. (NdT)
[150] F. Tricaud oublie "in the name
of God". (NdT)
[151] "tumour" : voir le latin "tumeo" :
être gonflé. (NdT)
[152] La traduction de "fellow subjects" par
"concitoyens" (F. Tricaud) n'est évidemment pas fidèle. Le choix de
"congénères" par G. Mairet surprend! (NdT)
[153] "that can bewitch them by slander of the government into rebellion". (NdT)