PHILOTRAHOBBES : LEVIATHAN – Traduction de Philippe Folliot avec notes.

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Chapitre 4 : De la parole.

 

L'invention de l'imprimerie, quoiqu'ingénieuse, n'est pas grand chose si on la compare à celle de l'écriture [1]. Mais qui, le premier, trouva l'usage de l'écriture, nous ne le savons pas. Celui qui, le premier, la fit entrer en Grèce fut Cadmus, le fils d'Agénor, roi de Phénicie. Une invention qui procure l'avantage de perpétuer la mé­moire du temps passé, et de relier les hommes dispersés dans tant de régions éloignées de la terre [2]. C'est d'ailleurs une invention difficile, car elle procède de l'observation attentive [3] des différents mouvements de la langue, du palais, des lèvres, et des autres organes de la parole [4], observation qui [a permis] de faire autant de nombreuses différences de caractères [qu'il est nécessaire] pour évoquer ces mou­vements [5]. Mais la plus noble et la plus profitable de toutes les autres inventions fut la PAROLE [6], qui consiste en des dénominations ou appellations [7], et en leur con­nexion, au moyen de quoi les hommes enregistrent [8] leurs pensées, se les rappellent [9] quand elles sont passées, et, aussi, se les déclarent [10] l'un à l'autre pour leur utilité mutuelle et leur communication [11], invention sans laquelle il n'y aurait pas eu entre les hommes plus de République [12], de société, de contrat, de paix [13] qu'entre les lions, les ours et les loups. Le premier auteur de la parole fut Dieu lui-même qui apprit à Adam comment nommer les créatures qu'il présentait à sa vue [14]. Car l’Écriture ne va pas plus loin sur cette question [15]. Mais cela était suffisant pour l'amener à ajouter de nouvelles dénomi­nations, comme l'expérience et l'usage des créatures lui en don­naient l'occasion et à les lier peu à peu de façon à se faire comprendre. Et, jour après jour, il acquérait d'autant plus de langage qu'il en avait découvert l'utilité [16], quoique ce dernier ne fut pas aussi riche que celui dont a besoin un orateur ou un philosophe. Car, en dehors de cela, je ne trouve rien d'autre dans l’Écriture, directement ou par ses conséquences [17], qui puisse [nous faire] conclure qu'Adam ait été instruit des dénomi­nations portant sur les figures, les nombres, les mesures, les couleurs, les sons, les phantasmes [18] et les relations; encore moins des dénominations qui renvoient à des mots ou des paro­les, comme général, particulier [19], affirmatif, négatif, interrogatif, optatif [20], infinitif, toutes dénominations utiles; et moins que tout, les mots entité, intentionnalité, quiddité [21], et d'autres noms sans signification [22] des scolastiques [23].

 

Mais tout ce langage acquis, et développé par Adam et sa postérité, fut d'ailleurs perdu à la tour de Babel [24], quand, par la main de Dieu, tous les hommes, à cause de leur rébellion, furent frappés [25] d'un oubli de leur premier langage. Et les hommes étant par là forcés de se disperser dans différentes parties du monde, il fut nécessaire que la diversité des langues, qui existe aujourd'hui, procédât de ces dernières par degrés, selon ce que le besoin [26], la mère de toutes les inventions, leur enseigna, et, le temps passant, ces langues s'enrichirent [27] partout.

 

L'usage général de la parole est de transformer notre discours mental en un dis­cours verbal, ou l'enchaînement de nos pensées en une enchaînement de mots, et ceci pour deux utilisations : l'une est l'enregistrement des consécutions [28] de nos pensées qui, étant susceptibles de s'échapper [29] de notre mémoire, et de nous faire faire un nouveau travail, peuvent être de nouveau rappelées [30] à l'aide de mots par lesquels elles furent désignées [31]. Si bien que le premier usage des dénominations est de servir de marques ou de notes [32] de la remémoration [33]. Un autre usage intervient quand de nombreuses personnes utilisent les mêmes mots pour exprimer [34] les unes aux autres, par la liaison et l'ordre de ces mots, ce qu'elles conçoivent ou pensent de chaque chose [35], et aussi ce qu'elles désirent, ce qu'elles craignent, ou ce qui est l'objet de toute autre passion. Et pour cet usage, les mots sont appelés des signes [36]. Les usages particuliers de la parole sont les suivants : premièrement, d'enregistrer ce que, en réfléchissant [37], nous découvrons être la cause de quelque chose présente ou passée, et ce que les choses présentes peuvent produire ou réaliser [38], ce qui, en somme est l'acquisition des arts. Deuxièmement, de révéler aux autres cette connaissance à laquelle nous sommes parvenus [39], ce qui revient à se conseiller et à s'apprendre quel­que chose les uns aux autres. Troisièmement,  de faire savoir aux autres nos volontés et nos desseins [40], afin que nous nous donnions les uns aux autres une aide mutuelle. Quatrièmement, de contenter et d'enchanter [41], soit nous-mêmes, soit les autres, en jouant avec nos mots, pour le plaisir ou l'agrément, innocemment.

 

A ces usages, correspondent quatre abus. Premièrement, quand les hommes enre­gistrent incorrectement leurs pensées, par des mots dont le sens est variable, mots par lesquels ils enregistrent comme leurs des idées qu'ils n'ont jamais comprises, et ils se trompent [42]. Deuxièmement, quand ils utilisent les mots métaphoriquement, c'est-à-dire dans un sens autre que celui auquel ils étaient destinés, et, par là, induisent les autres en erreur. Troisièmement, quand, par des mots, ils déclarent une volonté qui n'est pas la leur. Quatrièmement, quand ils utilisent des mots pour se blesser [43] les uns les autres. Etant donné que la nature a armé les créatures vivantes, certaines avec des dents, d'autres avec des cornes, et d'autres [encore] avec des mains, ce n'est qu'un abus de parole de blesser quelqu'un avec la langue, à moins que ce ne soit quelqu'un que nous sommes obligés de gouverner, et alors, ce n'est pas le blesser, mais le corriger et l'amender [44].

 

La manière dont la parole sert à la remémoration de la consécution des causes et des effets consiste en l'imposition de dénominations, et en leur liaison [45].

 

Dans les dénominations, certaines sont propres et particulières à une seule chose, comme Pierre, Jean, cet homme, cet arbre; et certaines sont communes à de nom­breu­ses choses, comme homme, cheval, arbre; dont chacune, quoique n'étant qu'une dénomination, est néanmoins la dénomination de différentes choses particulières. Si l'on considère l'ensemble de ces choses comme un tout, on l'appelle un universel [46], [mais] il n'y a rien dans le monde d'universel, sinon des dénominations, car les choses nommées sont toutes par elles-mêmes individuelles et singulières [47].

 

Une dénomination universelle est imposée à de nombreuses choses en raison de la ressemblance en quelque qualité, ou en quelque autre accident, et tandis qu'une déno­mination propre n'introduit dans l'esprit [48] qu'une seule chose, les universaux rap­pellent n'importe laquelle d'un grand nombre de choses.

 

Parmi les dénominations universelles, certaines ont une plus grande extension [49], d'autres une plus petite extension, les plus larges englobant [50] les moins larges, et d'au­tres encore sont d'une extension égale, et s'englobent réciproquement l'une l'autre. Comme par exemple la dénomination corps qui est d'une signification plus large que le mot homme, les dénominations homme et raisonnable [51] qui sont d'une extension égale et qui s'englobent l'une l'autre mutuellement. Mais nous devons ici prendre garde au fait que par une dénomination, nous n'entendons pas, comme en grammaire, un seul mot, mais parfois plusieurs mots réunis en une circonlocution [52]. Car tous ces mots, celui qui, dans ses actions, observe les lois de son pays, ne font qu'une seule dénomination, équivalente à ce seul mot [53], juste.

 

En imposant des dénominations, certaines d'une signification plus large, d'autres d'une signification plus étroite [54], nous réduisons [55] le calcul [56] des consécutions des choses imaginées dans l'esprit à un calcul des consécutions d'appellations. Par exem­ple, si l'on place devant les yeux d'un homme qui n'a pas du tout l'usage de la parole (tel un homme né entièrement sourd et muet et qui le demeure) un triangle, et à côté de ce triangle, deux angles droits (comme le sont les coins [57] d'une figure carrée), cet homme peut, en méditant [58], les comparer et trouver que les trois angles de ce triangle sont égaux à ces deux angles droits qui se trouvent à côté. Mais si un triangle d'une forme différente du premier lui est montré, il ne pourra savoir, sans un nouvel effort, si les trois angles de ce triangle-ci sont aussi égaux aux deux angles droits. Mais celui qui a l'usage des mots [59], quand il observe qu'une telle égalité est la conséquence, ni de la longueur des côtés, ni de quelque autre chose particulière dans son triangle, mais seulement de ce que les côtés sont rectilignes et les angles au nombre de trois, et que cela suffit pour qu'il nomme cette figure un triangle, conclura avec confiance qu'uni­versellement une telle égalité des angles se trouve en tous les triangles, quels qu'ils soient, et il enregistrera sa découverte dans ces termes généraux [60] : tout triangle a ses trois angles égaux à deux angles droits. Et ainsi la consécution trouvée en un cas particulier est enregistrée et mémorisée comme une règle universelle [61], et elle libère [62] notre calcul mental du moment et du lieu, et nous délivre de tout travail de l'esprit, à l'exception du premier, et elle fait que ce qui a été trouvé vrai ici et maintenant est vrai en tous temps et en tous lieux.

 

Mais l'usage des mots pour enregistrer nos pensées n'est nulle part [63] aussi mani­feste que quand nous comptons [64]. Un idiot congénital [65], qui n'a jamais pu apprendre par coeur l'ordre des noms [66] des nombres, comme un, deux, et trois, peut noter [67] chaque coup de l'horloge, et faire un signe de tête à chaque fois [68], ou dire un, un, un, mais il ne peut jamais savoir quelle heure il est [69]. Et il semble qu'il fut un temps où ces noms [70] de nombres n'étaient pas en usage, et les hommes étaient forcés de poser les doigts d'une main, ou des deux, sur les choses dont ils voulaient tenir le compte [71]. Et c'est de là que vient qu'aujourd'hui que les noms de nombres ne sont que dix en toute nation, et ne sont que cinq dans certaines nations, après quoi ils recom­mencent [72]. Et celui qui sait compter jusqu'à dix, s'il récite les nombres dans le désor­dre, se perdra, et ne saura pas s'il a fini. Encore bien moins sera-t-il capable d'addi­tionner, de soustraire, et de réaliser toutes les autres opérations de l'arithmétique. Si bien que sans mots, il est impossible de compter des nombres, encore moins de calcu­ler des gran­deurs, la vitesse, la force, et d'autres choses dont le calcul est nécessaire à l'existence ou au bien-être de l'humanité [73].

 

Quand deux dénominations sont jointes ensemble [74] dans une consécution, ou une affirmation, comme par exemple, un homme est une créature vivante, ou, si c'est un homme, c'est une créature vivante, si la seconde [dénomination] créature vivante veut dire tout ce que dit la première, alors l'affirmation, ou la consécution, est vraie, sinon elle est fausse [75]. Car vrai et faux sont des attributs de la parole, non des choses [76]. Et là où la parole n'est pas, il n'y a ni vérité ni fausseté. Il peut y avoir erreur [77], comme quand nous nous attendons à quelque chose qui n'arrivera pas, ou quand nous [nous] imaginons [qu'a eu lieu] ce qui n'a pas eu lieu, mais ni dans un cas, ni dans l'autre, on ne peut vous accuser d'avoir failli à la vérité [78].

 

Étant donné que la vérité consiste à ordonner correctement les dénominations dans nos affirmations, un homme qui cherche l'exacte vérité doit se souvenir de ce que signifie chaque dénomination qu'il utilise [79], et il doit la placer en conséquence, ou sinon, il se trouvera empêtré [80] dans les mots, comme un oiseau dans les gluaux [81], [et] plus il se débattra, plus il sera englué [82]. Et donc, en géométrie (qui est la seule scien­ce jusqu'ici qu'il a plu a Dieu d'octroyer à l'humanité), les hommes commencent par asseoir le sens de leurs mots [83], ce qu'ils appellent définitions, et ils les placent au com­mencement de leur calcul [84].

 

On voit par là combien il est nécessaire à quiconque aspire à la vraie con­nais­sance [85] d'examiner les définitions des auteurs précédents, et, ou de les corriger quand elles sont avancées négligemment [86], ou de les faire par soi-même. Car les erreurs se multiplient par elles-mêmes, selon la poursuite du calcul [87], et elles condui­sent les hommes à des absurdités, qu'ils finissent par saisir, mais auxquels il ne peuvent se soustraire sans refaire de nouveau le calcul depuis le début, où se trouve le fondement [88] de leurs erreurs. De là vient que ceux qui font confiance aux livres font comme ceux qui additionnent [89] des petits totaux pour faire un grand total, sans envisager si ces petites totaux [eux-mêmes] ont été les résultats d'additions correctes, et qui, trouvant enfin l'erreur manifeste, et ne suspectant pas leurs premiers fon­dements [90], ne savent pas comment s'en sortir [91], perdent leur temps à voleter à la surface [92] de leurs livres, comme des oiseaux qui, entrés par la cheminée, et se trouvant enfermés dans une pièce, volettent vers la lumière trompeuse des carreaux de la fenêtre, l'intelligence [93] qui leur permettrait d'envisager par où ils sont entrés leur faisant défaut [94]. De sorte que c'est dans la définition correcte des dénominations que repose le premier usage de la parole, qui est l'acquisition de la science, et c'est sur les définitions inexactes, ou sur l'absence de définitions [95] que repose le premier abus, dont procèdent toutes les opinions fausses et insensées [96] qui font que ces hommes qui reçoivent leur instruction de l'autorité des livres, et non de leur propre méditation [97], se trouvent autant au-dessous de la conditions des hommes ignorants, que les hommes qui possèdent la vraie science [98] se trouvent au-dessus. Car l'ignorance se situe au milieu, entre la vraie science et les doctrines erronées. La sensation et l'imagination naturelles ne sont pas sujettes à l'absurdité. La nature elle-même ne peut pas s'égarer [99]. C'est quand les hom­mes disposent d'une grande richesse du langage [100] qu'ils deviennent ou plus sages, ou plus fous qu'à l'ordinaire. Il n'est pas possible à un homme, sans les lettres, de devenir ou parfaitement sage ou, à moins que sa mémoire ne soit endommagée par une maladie [101] ou par une mauvaise constitution des organes, parfaitement [102] fou. Car les mots sont les jetons [103] des sages, avec lesquels ils ne font rien d'autre que des calculs, mais ces mots sont la monnaie des sots, qui les évaluent en fonction de l'autorité d'un Aristote, d'un Cicéron ou d'un Saint Thomas, ou de quelque autre docteur qui, quelque docteur qu'il soit, n'est [pourtant] qu'un homme [104].

 

Sont sujets à dénominations n'importe quels objets, pourvu qu'ils puissent entrer dans un calcul [105] ou y être pris en considération, y être additionnés les uns aux autres pour faire une somme, ou soustraits les uns des autres en laissant un reste. Les Latins appellent rationnes [106] les calculs d'argent, et ratiocinatio, le fait de calculer. Et ce que nous appelons, dans les factures ou les livres de comptes, postes comptables [107], ils l'appelaient nomina, c'est-à-dire dénominations, et c'est de là qu'ils semblent avoir étendu le mot ratio à la faculté de calculer dans tous les autres domaines. Les grecs n'ont qu'un mot, logos [108], à la fois pour la parole et la raison [109] ; non  qu'ils pensassent [110] qu'il n'y avait pas de parole sans raison, mais ils pensaient qu'il n'existe pas de raison­nement sans parole; et l'acte de raisonner, ils l'appelaient syllogisme, ce qui signifie récapituler les conséquences d'une énonciation par rapport à une autre [111]. Et parce que les mêmes choses peuvent entrer dans un calcul en fonction de divers acci­dents, leurs dénominations sont (pour montrer cette diversité) diversement déformées et diver­sifiées [112]. Cette diversité de dénominations peut se réduire à quatre points généraux.

 

Premièrement, une chose peut entrer dans un calcul [113] en tant que matière ou corps, comme vivante, sensible, raisonnable, chaude, froide, mue, immobile, dénominations par lesquelles le mot matière, ou corps, est sous-entendu [114], toutes ces dénominations s'appliquant à la matière.

 

Deuxièmement, une chose peut entrer dans un calcul, ou y être prise en consi­dération, en tant qu'accident ou qualité [115] que nous pensons être en elle, comme être mue, être de telle longueur, être chaude, etc [116]. Et alors, à partir de la dénomination de la chose elle-même, par un petit changement, une petite déformation [117], nous for­mons une dénomination [118] pour cet accident que nous envisageons, et, pour vivante, nous mettons dans notre calcul vie, pour mue, mouvement, pour chaud, chaleur, pour long, longueur, et ainsi de suite [119]. Toutes ces dénominations sont des dénominations d'acci­dents et de propriétés par lesquels une matière, un corps, se différencie d'un autre [120]. Elles sont appelées des dénominations abstraites parce qu'elles sont séparées, non de la matière, mais du calcul portant sur la matière [121].

 

Troisièmement, nous introduisons dans notre calcul les propriétés de nos propres corps, par lesquels nous faisons une distinction semblable : quand quelque chose est vu par nous, nous ne calculons pas sur la chose elle-même, mais sur la vision, la couleur, l'idée de la chose dans le phantasme [122], et quand quelque chose est entendu, nous ne calculons pas sur elle, mais sur la seule audition, le seul son, qui est le phan­tasme, la conception que nous en avons par l'oreille. Telles sont les dénominations de phantasmes [123].

 

Quatrièmement, nous introduisons dans notre calcul, envisageons, et donnons des dénominations aux dénominations elles-mêmes, et aux paroles, car général, uni­ver­sel, particulier [124], équivoque, sont des dénominations de dénominations. Et affirma­tion, interrogation, commandement, narration, syllogisme, sermon, oraison [125], et de nom­breuses autres dénominations, sont des dénominations de paroles [126]. Et c'est [là] toute la variété des dénominations positives [127] qui sont produites pour désigner quel­que chose qui se trouve dans la nature, ou qui peut être feint [128] par l'esprit de l'homme, comme les corps qui existent ou qui peuvent être conçus comme existants, les propriétés qui existent ou dont nous feignons l'existence, ou les mots et la parole.

 

Il y a aussi d'autres dénominations, appelées négatives, qui sont des signes [129] qui veulent dire qu'un mot n'est pas la dénomination de la chose en question, comme ces mots : rien, infini, indicible, trois moins quatre, ainsi de suite, qui sont néanmoins d'usa­ge dans le calcul, ou dans la correction de calcul, et qui rappellent à l'esprit les méditations [130] passées, bien que ces mots ne soient pas la dénomination de quelque chose, parce qu'ils nous font refuser d'admettre les dénominations qui ne sont pas employées correctement [131].

 

Toutes les autres dénominations ne sont que des sons sans signification [132], et elles sont de deux sortes. L'une, quand elles sont nouvelles et que, néanmoins, leur sens n'est pas expliqué par des définitions, et de telles dénominations ont été abondamment inventées par les Scolastiques et des philosophes embrouillés [133].

 

L'autre, quand on fabrique une dénomination avec deux dénominations dont les significations sont contradictoires et incompatibles, comme cette dénomination : un corps incorporel, ou, ce qui est tout comme, une substance incorporelle [134], et il y en a beaucoup d'autres. Car toutes les fois qu'une affirmation est fausse, les deux dénomi­nations dont elle est composée, mises ensemble et n'en faisant qu'une, ne veulent rien dire du tout. Par exemple, si c'est une affirmation fausse que de dire qu'un qua­dri­latère est circulaire, la dénomination quadrilatère circulaire ne veut rien dire, mais ce n'est qu'un simple son. De même, si il est faux de dire que la vertu peut être versée, ou soufflée vers le haut et vers le bas [135], les mots vertu infuse, vertu insufflée [136] sont aussi absurdes et dénués de signification qu'un quadrilatère circulaire. Par con­séquent, nous ne rencontrerons guère de mot dénué de sens et de signification [137] qui ne soit pas composé de quelques dénominations latines ou grecques. Les Français entendent rarement nommer notre Sauveur par la dénomination de Parole, mais souvent par la dénomination de Verbe, et pourtant Verbe et Parole ne diffèrent aucu­nement, si ce n'est que l'une des dénominations est Latine, l'autre Française.

 

Quand un homme, en entendant des paroles, a les pensées que les mots entendus, et leur connexion, avaient pour destination de signifier, et pour laquelle ils étaient utilisés [138], on dit alors qu'il comprend [139] ces paroles; la compréhension [140] n'étant rien d'autre qu'une conception causée par la parole. Et donc, si la parole est particulière [141] à l'homme, et pour autant que je le sache, c'est le cas, alors la compréhension lui est aus­si particulière. Par conséquent, des affirmations absurdes et fausses, au cas où elles seraient universelles, il ne peut y avoir aucune compréhension, même si nom­breux sont ceux qui croient alors comprendre, quand ils ne font que répéter les mots à voix basse ou les réciter dans leur esprit [142].

 

Quelles sortes de paroles signifient les appétits, les aversion et les passions de l'esprit humain, et quel est leur usage et leur abus, j'en parlerai quand j'aurai parlé des passions.

 

Les dénominations des choses qui nous affectent, c'est-à-dire qui nous plaisent ou nous déplaisent, sont, dans les entretiens des hommes, d'une signification variable [143], parce que tous les hommes ne sont pas affectés de la même façon par les mêmes choses, ni le même homme à des moments différents. Etant donné en effet que toutes les dénominations ont pour fonction de signifier nos conceptions, et que toutes nos affections ne sont rien que des conceptions, quand nous concevons les mêmes choses différemment, nous ne pouvons guère éviter des les nommer différemment. Car même si la nature de ce que nous concevons est la même, pourtant, nous la recevons diversement, selon les différentes constitutions corporelles, et selon la prévention de notre opinion [144], qui donnent à toute chose la couleur de nos différentes passions [145]. Par conséquent, il faut, en raisonnant, prendre garde aux mots qui, outre la signifi­cation de ce que nous imaginons de leur nature, ont aussi une signification [qui dépend] de la nature, de la disposition et de l'intérêt du locuteur [146], comme dans le cas des déno­minations des vertus et des vices, car un homme appelle sagesse ce que l'autre appelle crainte, et l'un appelle cruauté ce que l'autre appelle justice, l'un ap­pelle prodigalité ce que l'autre appelle magnificence, l'un appelle gravité ce que l'autre appelle stupidité, etc. Et donc, de telles dénominations ne peuvent jamais être les vrais [147] fondements d'une ratiocination [148]. Pas plus que les métaphores et les tropes [149] utilisés en parlant, mais ces derniers sont moins dangereux car ils déclarent leur instabilité [150], ce que les autres dénominations ne font pas.

 

 

 

Traduction Philippe Folliot
 

 

Version téléchargée en août 2003.

 

 

 

 



[1]              "letters" : lettres. R. Anthony et g. Mairet : "des lettres". (NdT)

 

[2]              "A profitable invention for continuing the memory of time past, and the conjunction of mankind dispersed into so many and distant regions of the earth". (NdT)

 

[3]              "from a watchful observation". R. Anthony et G. Mairet : "observation minutieuse". (NdT)

 

[4]              "speech". (NdT)

 

[5]              "whereby to make as many differences of characters to remember them". Littéralement : "pour faire par ce moyen autant de nombreuses différences de caractères pour se les rappeler". (NdT)

 

[6]              R. Anthony : "langage". (NdT)

 

[7]              "names or appellations". On lira le paragraphe 7 de ce chapitre pour comprendre que la dénomi­nation est plus large que le nom : " Parmi les dénominations universelles, certaines ont une plus grande extension, d'autres une plus petite extension, les plus larges englobant les moins larges, et d'autres encore sont d'une extension égale, et s'englobent réciproquement l'une l'autre. Comme par exemple la dénomination corps qui est d'une signification plus large que le mot homme, les dénominations homme et raisonnable qui sont d'une extension égale et qui s'englobent l'une l'autre mutuellement. Mais nous devons ici prendre garde au fait que par une dénomination, nous n'entendons pas, comme en grammaire, un seul mot, mais parfois plusieurs mots réunis en une circonlocution. Car tous ces mots, Celui qui, dans ses actions, observe les lois de son pays, ne font qu'une seule dénomination, équivalente à un seul mot, juste." (NdT)

 

[8]              "register". (NdT)

 

[9]              "recall". (NdT)

 

[10]             "declare". (NdT)

 

[11]             "conversation". (NdT)

 

[12]             R. Anthony : "Etat". (NdT)

 

[13]             "neither Commonwealth, nor society, nor contract, nor peace". (NdT)

 

[14]             Bible, Pentateuque, Genèse, II,19,20. On rappellera au lecteur qu'Hobbes lit et cite la King James version de la Bible (terminée en 1611), les catholiques anglais s'appuyant quant à eux sur la version Douay/Rheims. (NdT)

 

[15]             "for the Scripture goeth no further in this matter". (NdT)

 

[16]             "and so by succession of time, so much language might be gotten as he had found use for". (NdT)

 

[17]             R. Anthony : "par déduction". (NdT)

 

[18]             "fancies". R. Anthony : "images". (NdT)

 

[19]             "special". R. Anthony : "spécial". (NdT)

 

[20]             "optative". (NdT)

 

[21]             "entity, intentionality, quiddity". (NdT)

 

[22]             R. Anthony : "dépourvus de sens". (NdT)

 

[23]             Exactement "de l'école"("of the school"). (NdT)

 

[24]             "La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots. Or en se déplaçant vers l'orient, les          hommes découvrirent une plaine dans le pays de Shinéar et y habitèrent. Ils se dirent l'un à l'autre : "Allons! Moulons des briques et cuisons-les au four." Les briques leur servirent de pierre e le bitume leur servit de mortier. "Allons! dirent-ils, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel. Faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre."Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d'Adam. "Eh! dit le Seigneur, ils     ne sont tous qu'un peuple et qu'une langue et c'est là leur première oeuvre! Mainte­nant, rien de ce qu'ils projetteront de faire ne leur sera accessible! Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres!" De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi lui donna-t-on le nom de Babel car c'est là que le Seigneur brouilla la langue de toute la terre, et c'est de là que le Seigneur dispersa les hommes sur toute la surface de la terre."Bible, Pentateuque, Genèse, XI, 1-9, traduc­tion TOB. (NdT)

 

[25]             "stricken". (NdT)

 

[26]             "need". R. Anthony : "necessité". (NdT)

 

[27]             "grew everywhere more copious". (NdT)

 

[28]             R. Anthony : "conséquences". (NdT)

 

[29]             "which being apt to slip out". R. Anthony : "glisser". (NdT)

 

[30]             La redondance est dans le texte : "again be recalled". (NdT)

 

[31]             "marked". (NdT)

 

[32]             "marks or notes". G. Mairet : "marques ou repères". (NdT)

 

[33]             R. Anthony : "de souvenir". (NdT)

 

[34]             "to signify". On eût pu traduire "pour se signifier ". (NdT)

 

[35]             "Another is when many use the same words to signify, by their connexion and order one to another, what they conceive or think of each matter". (NdT)

 

[36]             "signs". (NdT)

 

[37]             "by cogitation". R. Anthony : "par cogitation". (NdT)

 

[38]             "may produce, or effect". (NdT)

 

[39]             "to show to others that knowledge which we have attained". (NdT)

 

[40]             "our wills and purposes". (NdT)

 

[41]             "to please and delight ". (NdT)

 

[42]             "when men register their thoughts wrong by the inconstancy of the signification of their words; by which they register for their conceptions that which they never conceived, and so deceive themselves".  (NdT)

 

[43]             "to grieve". R. Anthony : "pour se nuire réciproquement". (NdT)

 

[44]             "but to correct and amend". (NdT)

 

[45]             "the imposing of names, and the connexion of them". R. Anthony : "dans l'imposition des noms et dans leur connexion." (NdT)

 

[46]             "in respect of all which together, it is called a universal". (NdT)

 

[47]             "are every one of them individual and singular". Position nominaliste. (NdT)

 

[48]             "bringeth to mind". (NdT)

 

[49]             "extent". R. Anthony : "peuvent être de plus ou moins d'étendue". (NdT)

 

[50]             "comprehending". R. Anthony : "comprenant". (NdT)

 

[51]             "rationnal". R. Antony : "rationnel". (NdT)

 

[52]             "circumlocution". le Latin "circumlocutio" correspond au Grec "periphrasis". (NdT)

 

[53]             "this one word". (NdT)

 

[54]             "of stricter signification". (NdT)

 

[55]             "turn into". R. Anthony : "transformons". (NdT)

 

[56]             "reckoning" : calcul, compte, estimation, jugement. (NdT)

 

[57]             "corners". (NdT)

 

[58]             "by meditation". (NdT)

 

[59]             "words". (NdT)

 

[60]             "in the general terms".  (NdT)

 

[61]             "registered and remembered as a universal rule". (NdT)

 

[62]             "discharges". (NdT)

 

[63]             Exactement "en aucune chose", "en rien" ("in nothing"). (NdT)

 

[64]             "in numbering".  R. Anthony  "que dans la numération". (NdT)

 

[65]             Exactement un idiot  naturel ("natural fool"). R. Anthony : "un imbécile". (NdT)

 

[66]             "words". (NdT)

 

[67]             "observe". (NdT)

 

[68]             "and nod to it". (NdT)

 

[69]             Exactement "quelle heure l'horloge a sonné" ("what hour it strikes"). (NdT)

 

[70]             "names". (NdT)

 

[71]             "to those things they desired to keep account of". (NdT)

 

[72]             "and then they begin again". (NdT)

 

[73]             "So that without words there is no possibility of reckoning of numbers; much less of magnitudes, of           swiftness, of force, and other things, the reckonings whereof are necessary to the being or well-being of mankind." (NdT)

 

[74]             R. Anthony : "quand deux noms sont assemblés". (NdT)

 

[75]             "is true; otherwise false". (NdT)

 

[76]             "For true and false are attributes of speech, not of things." R. Anthony : "car le vrai et le faux sont des attributs du langage et non des choses." (NdT)

 

[77]             "error". (NdT)

 

[78]             "but in neither case can a man be charged with untruth." R. Anthony : Mais, ni dans un cas, ni dans l'autre, on ne peut être accusé de fausseté. (NdT)

 

[79]             "had need to remember what every name he uses stands for".(NdT)

 

[80]             "he will find himself entangled in words". (NdT)

 

[81]             Ici, brindilles enduites de glu pour capturer les oiseaux ("lime twigs" : brindilles engluées : gluaux). (NdT)

 

[82]             "the more he struggles, the more belimed". (NdT)

 

[83]             "men begin at settling the significations of their words". R. Anthony : "on commence par fixer la signification des termes." (NdT)

 

[84]             "in the beginning of their reckoning". (NdT)

 

[85]             "for any man that aspires to true knowledge". R. Anthony : "à la vraie science". (NdT)

 

[86]             "where they are negligently set down". (NdT)

 

[87]             "according as the reckoning proceeds". (NdT)

 

[88]             R. Anthony : "la source". (NdT)

 

[89]             "cast up". (NdT)

 

[90]             "and not mistrusting their first grounds". (NdT)

 

[91]             "know not which way to clear themselves". (NdT)

 

[92]             Ce "over" n'est pas à négliger, car il s'agit bien de ne pas entrer véritablement dans les livres. R. Anthony : "à se débattre avec leurs livres". (NdT)

 

[93]             "wit" : esprit, intelligence, entendement. R. Anthony : "l'esprit". (NdT)

 

[94]             Plus exactement : "par manque (défaut) d'esprit (intelligence) pour envisager par quel chemin ils sont entrés :"for want of wit to consider which way they came in". (NdT)

 

[95]             "in wrong, or no definitions". (NdT)

 

[96]             "from which proceed all false and senseless tenets". R. Anthony : "fausses et absurdes". (NdT)

 

[97]             "meditation". (NdT)

 

[98]             "true science". (NdT)

 

[99]             "cannot err" : ne peut pas se tromper, faire erreur, s'écarter de la vérité. (NdT)

 

[100]            Passage difficile à rendre littéralement : "men abound in copiousness of language". L'impossibilité de          traduire d'une façon fidèle "abound" a été compensée par l'ajout de l'adjectif qualificatif  "grande". (NdT)

 

[101]            "unless his memory be hurt by disease". (NdT)

 

[102]            "excellently". Même adverbe utilisé plus haut ("excellently wise"). (NdT)

 

[103]            "counters". (NdT)

 

[104]            "or any other doctor whatsoever, if but a man.". (NdT)

 

[105]            "in an account". R. Anthony : "un compte". (NdT)

 

[106]            La "ratio" est la faculté de calculer, la raison, l'intelligence. C'est aussi la raison d'une chose, ce qui l'explique. Le mot désigne aussi l'argumentation, le raisonnement, ou une théorie ou doctrine de nature scientifique. Le mot "ratiocinatio" désigne le raisonnement le calcul raisonné, la réflexion. (NdT)

 

[107]            Il s'agit ici d'une rubrique comptable (par exemple dépenses affectées au domaine x). Chez les latins, le "nomen" est d'abord un nom et une somme (prêtée ou empruntée) écrits sur un livre de comptes. Le mot a même le sens de créance. "Nomen" est aussi le nom, la dénomination, comme le dit justement Hobbes. Le mot "nomenclature" est formé à partir de "nomen". R. Anthony traduit par "articles". (NdT)

 

[108]            En caractères grecs dans le texte. Le logos est la parole, le discours (voire le mot, l'expression, la conversation, la rumeur, le récit ). C'est aussi la science (il suffit de considérer les noms de nos différentes sciences, qui se terminent par "logie"). C'est aussi la raison, comme faculté ou comme acte, et le fait de rendre compte, d'expliquer (idem pour la ratio des latins). A vrai dire, ces sens sont très souvent intimement liés chez les Grecs (voir en particulier Platon). (NdT)

 

[109]            "for both speech and reason". (NdT)

 

[110]            "not that they thought". (NdT)

 

[111]            Le syllogisme est défini par Aristote dans les Premiers Analytiques. En simplifiant, certaines choses étant posées à titre de prémisses, quelque chose en résulte nécessairement, sans que l'on fasse appel à quelque chose d'extérieur. C'est en fait une déduction, c'est-à-dire un raisonnement analytique. Pour celui qui ne connaîtrait pas le syllogisme, rappelons que sa forme la plus connue est celle-ci : A) Tous les X sont Y. B) Or A est X. C) Donc A est y. Par exemple : Tous les lecteurs de Hobbes sont des humains, or M. Dupont est un lecteur de Hobbes, donc M. Dupont est un humain. Hobbes ("which signifieth summing up of the consequences of one saying to another.") veut dire que le syllogisme permet de déduire (a priori) une proposition d'une autre proposition. (NdT)

 

[112]            "diversely wrested and diversified". (NdT)

 

[113]            Qu'il soit bien compris que le calcul dont parle Hobbes ne porte pas sur les seuls nombres. Il concerne les réalités du monde, par exemple, comme notre auteur l'a déjà indiqué, la recherche d'un effet à produire à partir des réalités qui nous entourent, calcul pouvant d'ailleurs porter sur le passé (telle cause a produit dans le passé tel effet). Par la parole, ce calcul devient possible comme calcul des dénominations, c'est-à-dire mise en relation de mots et de propositions pour découvrir le vrai. Ce calcul, dans l'intention du livre, est loin d'être anodin, comme l'a déjà signalé rapidement Hobbes : "Mais la plus noble et la plus profitable de toutes les autres inventions fut la parole, (...) invention sans laquelle il n'y aurait pas eu entre les hommes plus de République, de société, de contrat, de paix qu'entre les lions, les ours et les loups." Le calcul mental-verbal rend (mécanique­ment) possible la République. Le lecteur sera éclairé en lisant le début du chapitre 5 du livre I, quand Hobbes passe du calcul de l'arithmétique au calcul de la géométrie, puis au calcul de la logique, et enfin au calcul de la politique et du droit.

 

[114]            "understood". C'est l'un des sens possibles du verbe "to understand". (NdT)

 

[115]            "for some accident or quality". (NdT)

 

[116]            R. Anthony : "comme en tant qu'étant en mouvement, qu'ayant une certaine étendue, qu'étant chaude, etc..." (NdT)

 

[117]            R. Anthony : "altération". (NdT)

 

[118]            R. Anthony : "nous faisons un nom". (NdT)

 

[119]            Confirmation du nominalisme. (NdT)

 

[120]            R. Anthony : "par lesquels une matière et un corps se distinguent d'un autre." (NdT)

 

[121]            "These are called names abstract, because severed, not from matter, but from the account of matter." (NdT)

 

[122]            "fancy". Le paragraphe précédent et le nominalisme de Hobbes indiquent qu'il est pratiquement indifférent de choisir la traduction "phantasme"(ou image) ou la traduction "imagination". Il ne peut exister chez Hume une psychologie de facultés substantialisées. Dit plus simplement, l'imagi­nation n'est qu'une dénomination commode qui, quand elle ne désigne pas simplement une image (comme c'est parfois le cas chez Hobbes), désigne l'ensemble des images ou des "actes imageants". (NdT)

 

[123]            R. Anthony : "noms de fantômes". (NdT)

 

[124]            "special". R. Anthony : "spécial". (NdT)

 

[125]            R. Anthony : "harangue". (NdT)

 

[126]            "names of speeches". (NdT)

 

[127]            "all the variety of names positive". (NdT)

 

[128]            "may be feigned". (NdT)

 

[129]            "notes". R. Anthony : "des notes". G. Mairet : "des repères". (NdT)

 

[130]            "cogitations". (NdT)

 

[131]            "because they make us refuse to admit of names not rightly used.". (NdT)

 

[132]            "All other names are but insignificant sounds". (NdT)

 

[133]            "puzzled philosophers". (NdT)

 

[134]            "an incorporeal body, or, which is all one, an incorporeal substance". (NdT)

 

[135]            "blown up and down". G. Mairet nous étonne : "rechargée ou pompée de haut en bas"!! (NdT)

 

[136]            G. Mairet : "vertu rechargée, vertu pompée"!! (NdT)

 

[137]            "a senseless and insignificant word". (NdT)

 

[138]            "which the words of that speech, and their connexion, were ordained and constituted to signify". (NdT)

 

[139]            "understand". (NdT)

 

[140]            Ou entendement ("understanding"). (NdT)

 

[141]            "peculiar to man". (NdT)

 

[142]            "they do but repeat the words softly, or con them in their mind". R. Anthony : "ils ne font que répéter les mots ou se les dire tacitement par coeur." (NdT)

 

[143]            "inconstant". R. Anthony : "inconstante". (NdT)

 

[144]            "prejudices of opinion". (NdT)

 

[145]            "gives everything a tincture of our different passions". (NdT)

 

[146]            "speaker". (NdT)

 

[147]            "true grounds". (NdT)

 

[148]            "ratiocination" . Aucune nuance péjorative ici. Le mot peut être traduit par raisonnement. (NdT)

 

[149]            Figure de rhétorique par laquelle une dénomination est détournée de son sens propre (par exemple, métaphore, synecdoque, métonymie). (NdT)

 

[150]    "they profess their inconstancy". (NdT)