PHILOTRAHOBBES : LEVIATHAN – Traduction de Philippe Folliot avec notes.

Chapitre 4Chapitre 6 - Sommaire des chapitres traduits avec notes - Index Philotra

 

Chapitre 5 : De la raison et de la science.

 

Quand on raisonne [1], on ne fait rien d'autre que de concevoir [2] une somme totale à partir de l’addition des parties, ou de concevoir un reste, à partir de la soustraction d'une somme d'une autre somme, ce qui, si on le fait avec des mots, consiste à con­cevoir la consécution [3] [qui va] des dénominations [4] de toutes les parties à la déno­mination du tout [5], ou celle [qui va] des dénominations du tout et d'une partie à la dénomination de l'autre partie [6]. Et bien que pour certaines choses, comme pour les nombres, outre additionner et soustraire, on nomme d'autres opérations multiplier et diviser, pourtant ce sont les mêmes opérations, car la multiplication n'est rien que le fait d'additionner des choses égales, et la division n'est rien que le fait de soustraire une chose, aussi souvent que c'est possible. Ces opérations n'appartiennent pas seule­ment aux nom­bres, mais à toutes les sortes de choses qui peuvent être addi­tionnées l'une à l'autre ou ôtées l'une de l'autre. De même que les spécialistes d'arithmétique enseignent comme on additionne ou soustrait des nombres, de même les spécialistes de géométrie enseignent comme on le fait [7] avec des lignes, des figures (solides ou planes), des angles, des proportions, des temps, de degrés de vitesse, de force, de puissance, ainsi de suite. Les logiciens enseignent la même chose pour les consé­cutions de mots, additionnant ensemble deux dénominations pour faire une affirma­tion, et deux affirmations pour construire un syllogisme, et plusieurs syllogismes pour construire une démonstration [8]; et de la somme, ou de la conclusion d'un syllogisme, ils sous­traient une proposition pour en trouver une autre. Les auteurs politiques additionnent ensemble des pactes [9] pour découvrir les devoirs des hommes [10], et les jurisconsultes [11] des lois et des faits, pour découvrir ce qui est juste et injuste [12] dans les actions des particuliers [13]. En somme, quel que soit le domaine, il y a place pour l'addition et la soustraction, et il y a aussi place pour la raison [14] ; et là ou elles n'ont aucune place, la raison n'a rien à y faire du tout.

 

En dehors de tout cela, nous pouvons définir (c'est-à-dire déterminer) ce que signifie le mot raison quand nous la comptons [15] parmi les facultés de l'esprit. Car la RAISON, en ce sens, n'est rien d'autre que le fait de calculer (c'est-à-dire additionner et soustraire) les consécutions des dénominations générales admises pour marquer et signifier nos pensées [16]. Je dis marquer, quand nous calculons par nous-mêmes, et signifier quand nous démontrons ou prouvons [17] à autrui nos calculs.

 

Et de même que les hommes qui ne sont pas spécialistes [18] en arithmétique se trompent [19] nécessairement et font des opérations fausses [20], et cela peut arriver fré­quemment aux spécialistes [21] eux-mêmes, de même dans tout sujet de raisonne­ment, les plus capables, les plus scrupuleux [22], les plus expérimentés des hommes peuvent se tromper, et inférer de fausses conclusions [23]. Non que cette raison, par elle-même, ne soit la droite raison [24], de même que l'arithmétique est un art certain et infaillible, mais la raison d'aucun homme, ni d'aucun groupe d'hommes, ne produit la certitude [25], pas plus qu'un compte n'est par conséquent bien calculé parce qu'un grand nombre d'hommes l'ont unanimement approuvé. Par conséquent, de même que quand il y a une controverse sur un calcul [26], les parties doivent, de leur propre accord, instituer, comme la droite raison, la raison de quelque arbitre, de quelque juge, à la sentence duquel il se tiendront tous deux (ou leur controverse en viendra aux poings, ou ne trouvera pas de solution, par défaut d'une droite raison constituée par Nature), de même en est-il dans tous les débats, quel que soit le genre de débat. Et quand des hommes qui se pensent plus sages que les autres exigent bruyamment [27] la droite raison comme juge, et pourtant ne cherchent qu'une chose, que les choses sont décidées par aucun autre raison humaine que la leur, c'est aussi intolérable dans la société des hommes que dans le jeu de cartes, quand l'un des joueurs, après le tirage de l'atout, utilise comme atout, à chaque occasion qui l'arrange, la couleur qu'il a le plus en main [28]. Car ils ne font rien d'autre que ceux qui veulent que chacune de leurs passions, quand elle en vient à prendre empire sur eux [29], soit considérée comme droite raison, et cela dans leur propre controverse, trahissant leur défaut de droite raison par la revendication qu'ils posent à son sujet [30].

 

L'usage et la fin de la raison n'est pas de trouver la somme ou la vérité de l'une ou de plusieurs conséquences éloignées des premières définitions et des significations établies des dénominations, mais de commencer à celles-ci, et de continuer [en allant] d'une conséquence à une autre [31]. Car il ne peut y avoir aucune certitude de la dernière conclusion sans une certitude de toutes ces affirmations et négations sur lesquelles elle est fondée et à partir desquelles elle a été inférée [32]. Par exemple, quand un chef de famille, en tenant des comptes, additionne les sommes de toutes les factures des dépenses en une seule somme, s'il ne prend pas garde à la façon dont  l'addition de chaque facture a été faite par ceux qui doivent s'en acquitter, et ne fait pas attention aux raisons pour lesquelles il y a eu dépense, cela ne lui est pas plus profitable que s'il acceptait le compte globalement, se fiant à la compétence et à l'honnêteté des comp­tables. De même, celui qui, en raisonnant sur toutes les autres choses, adopte des conclusions sur la foi des auteurs sans aller les tirer [33] des premiers articles de chaque calcul [34] (qui sont les significations des dénominations établies par des défi­nitions), celui-là perd sa peine, ne sait rien, et ne fait rien d'autre que de croire seulement.

 

Quand on calcule sans utiliser des mots, ce qui peut être fait pour des choses particulières, comme quand, à la vue d'un seule chose quelconque, on conjecture ce qui a probablement précédé, ou ce qui s'ensuivra probablement : si ce que l'on pensait probablement s'ensuivre ne s'ensuit pas, ou si ce que l'on pensait probablement avoir précédé n'a pas précédé, on appelle cela une ERREUR [35], et même les hommes les plus prudents y sont sujets [36].  Mais quand nous raisonnons avec des mots de signifi­cation générale, et que nous tombons sur une inférence générale fausse, bien que, communément, on nomme cela une erreur, c'est en vérité une ABSURDITÉ [37], des paroles [38] dénuées de sens. Car l'erreur n'est que le fait de se tromper [39], en présumant que [40] quelque chose est passé, ou à venir, chose qui ne s'est pas passée ou qui n'était pas à venir, mais dont nous n'avions pas découvert l'impossibilité [41]. Mais quand nous faisons une assertion générale, à moins qu'elle ne soit vraie, sa possibilité ne peut pas être conçue. Et les mots par lesquels nous ne concevons rien d'autre que le son [42] sont ceux que nous appelons absurdes, sans signification, sans sens [43]. Si quelqu'un me parlait d'un quadrilatère circulaire, ou des accidents du pain dans le fromage, ou de substances immatérielles, ou d'un sujet libre, d'une libre volonté, ou de quoi que ce soit de libre (mais pas selon cette personne au sens de libéré d'un obstacle qui s'oppo­se à nous [44] ), je ne dirais pas que cette personne est dans l'erreur, mais que ses mots ne veulent rien dire, c'est-à-dire qu'ils sont absurdes.

 

J'ai dit précédemment, au chapitre deux, que l'homme l'emporte [45] sur tous les autres animaux par cette faculté qui fait que quand il conçoit une chose, quelle qu'elle soit, il est enclin à rechercher les conséquences de cette chose, et les effets qu'il pour­rait produire avec. Et maintenant, j'ajoute un autre degré de cette supériorité [46] : l'homme peut réduire les consécutions qu'il trouve à des règles générales, nommées théorèmes ou aphorismes [47], ce qui veut dire qu'il peut raisonner, calculer [48], non seule­ment sur des nombres, mais aussi sur toutes les autres choses que l'on peut addi­tionner les unes aux autres ou soustraire les unes des autres.

 

Mais ce privilège est tempéré par un autre, le privilège de l'absurdité, auquel au­cu­ne créature vivante n'est sujette, sinon l'homme seul. Et parmi les hommes, ceux qui  y sont de tous les plus sujets sont ceux qui professent la philosophie. Car ce que Cicéron dit d'eux quelque part est très vrai, qu'il ne peut rien y avoir de plus absurde que ce qu'on peut trouver dans les livres des philosophes. Et la raison en est mani­feste, car aucun d'eux ne commence sa ratiocination [49] [en partant] de définitions et d'explications des dénominations qu'il doit employer [50]. Cette méthode a été utilisée seulement en géométrie, et de cette façon, les conclusions de la géométrie ont été rendues indiscutables [51].

 

La première cause des conclusions absurdes, je l'attribue au manque de méthode, c'est-à-dire qu'ils ne commencent pas leur ratiocination [52] [en partant] de définitions, c'est-à-dire de significations établies de leurs mots [53], comme s'ils pouvaient faire des calculs sans connaître la valeur des noms des nombres, un, deux, et trois.

 

Vu que tous les corps entrent dans des calculs selon diverses considérations, que j'ai mentionnées dans le chapitre précédent, ces considérations étant différemment nommées, des absurdités différentes procèdent de la confusion des dénominations et de leur liaison incorrecte dans des assertions [54]. Et par conséquent,

 

La deuxième cause des assertions absurdes, je l'attribue au fait de donner des dénominations de corps aux accidents ou des dénominations d'accidents aux corps, comme le font ceux qui disent que la foi est infuse ou inspirée, alors que rien ne peut être versé ou soufflé dans quoi que ce soit, sinon un corps [55], ceux qui disent que l'étendue est corporelle, que les phantasmes [56] sont des esprits, etc..

 

La troisième, je l'attribue au fait de donner des dénominations d'accidents de corps [qui se trouvent] hors de nous aux accidents de nos propres corps, comme font ceux qui disent que la couleur est dans le corps [extérieur], le son dans l'air, etc..

 

La quatrième, au fait de donner des dénominations de corps aux dénominations ou aux paroles, comme le font ceux qui disent qu'il y a des choses universelles, qu'une créature vivante est un genre, ou une chose générale [57], etc..

 

La cinquième, au fait de donner des dénominations d'accidents aux dénominations et aux paroles, comme font ceux qui disent que la nature d'une chose est sa défini­tion, que l'ordre d'un homme est sa volonté, et ainsi de suite.

 

La sixième, au fait d'employer des métaphores, des tropes, et d'autres figures de rhétorique, au lieu d'employer les mots appropriés. Car, quoiqu'il soit légitime [58] de dire, par exemple, que le chemin va, ou conduit ici ou là, que le proverbe dit ceci ou cela (alors que les chemins ne peuvent pas aller, ni les proverbes parler), néanmoins, dans le calcul, et dans la recherche de la vérité [59], de pareilles paroles ne doivent pas être admises [60].

 

La septième, je l'attribue aux dénominations qui ne veulent rien dire, mais qui sont adoptées par les Écoles et apprises mécaniquement [61], comme hypostatique, transsubstantié, consubstantié, maintenant-éternel, et tout le jargon de même type des Scolastiques.

 

Celui qui peut éviter ces choses ne tombera pas facilement dans quelque absur­dité, à moins que le calcul ne soit long, auquel cas il se peut qu'il oublie ce qui a précédé. Car tous les hommes, par nature [62], raisonnent de façon semblable, et ils raisonnent bien quand ils ont de bons principes [63]. Qui est assez stupide pour à la fois faire une erreur en géométrie, et persévérer alors qu'un autre la lui a révélée?

 

De cela, il apparaît que la raison n'est pas née avec nous, comme la sensation et le souvenir, ne s'acquiert pas par l'expérience seule, comme la prudence, mais qu'on y parvient par le travail [64], premièrement en posant convenablement [65] des dénomina­tions, deuxièmement en acquérant une bonne et rigoureuse méthode, partant des éléments, qui sont les dénominations, pour aller jusqu'aux assertions faites par la liaison des dénominations, et aussi jusqu'aux syllogismes, qui sont des liaisons d'as­sertions, jusqu'à ce que nous arrivions à la connaissance de toutes les consécutions de dénominations qui se rapportent au sujet entrepris, et c'est là ce que les hommes appellent science [66]. Alors que la sensation et le souvenir ne sont qu'une connaissance d'un fait, qui est une chose passée et irrévocable [67], la science est la connaissance des consécutions, et de la dépendance d'un fait par rapport à un autre [68], science par laquelle, à partir de ce que nous savons présentement faire, nous savons comment faire quelque chose d'autre quand nous le voulons, ou une chose semblable, à un autre moment; parce que, quand nous comprenons comment une chose se produit, à partir de quelles causes, et par quelle manière, et que les mêmes causes [69] viennent en notre pouvoir, nous comprenons comment nous pouvons leur faire produire les mêmes effets [70].

 

Par conséquent, les enfants ne sont doués d'aucune raison, jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à l'usage de la parole, mais on les nomme des créatures raisonnables en raison de la possibilité qui apparaît chez eux d'avoir dans un temps à venir l'usage de la raison. Et la plupart des hommes, quoiqu'ils aient jusqu'à un certain point [71] l'usage du raisonnement, comme quand ils utilisent des nombres jusqu'à un certain niveau, ne s'en servent néanmoins que pour peu d'usages dans la vie courante, dans laquelle ils se gouvernent, certains mieux, d'autres de pire façon, selon leurs différences d'expé­rience, de vitesse de la mémoire et selon leurs inclinations vers différents buts [72], mais surtout selon la bonne ou la mauvaise fortune et selon les erreurs des uns et des autres. Car, pour ce qui est de la science (des règles certaines de leurs actions) [73], ils en sont si loin qu'ils ne savent [même] pas ce qu'elle est. Ils ont cru que la géométrie, c'était des tours de passe-passe [74].  Mais, pour les autres sciences, ceux à qui l'on n'en a pas appris les commencements [75], et qui n'ont pas pu y faire certains progrès pour qu'ils puissent voir comment elles sont engendrées et acquises [76], sont sur ce point comme les enfants qui n'ont aucune idée de la génération, et à qui les femmes font croire que leurs frères et soeurs n'ont pas été enfantés, mais ont été trouvés dans le jardin.

 

Pourtant, ceux qui n'ont aucune science sont dans une condition meilleure et plus noble, avec leur prudence naturelle [77] que ceux qui, en raisonnant mal, ou en faisant confiance à ceux qui raisonnent de façon incorrecte, se précipitent dans des règles générales fausses et absurdes [78]. Car l'ignorance des causes et des règles ne mène pas les hommes si loin de leur chemin [79], que le fait de se fonder sur de fausses règles et de prendre pour causes de ce dont ils aspirent, de fausses causes [80] qui sont plutôt les causes du contraire.

 

Pour conclure, la lumière de l'esprit humain, ce sont des mots clairs [81], mais d'abord débarrassés des impuretés [82] et purgés de toute ambiguïté, par d'exactes défi­nitions. La raison est la marche, le développement de la science est le chemin, et l'avan­­tage pour l'humanité est le but. Et, au contraire, les métaphores et les mots dénués de sens et ambigus sont semblables aux ignes fatui [83], et raisonner à partir d'eux, c'est errer dans d'innombrables absurdités, et leur aboutissement, ce sont les disputes, les discordes et la désobéissance [84].

 

De même que beaucoup d'expérience est la prudence, beaucoup de science est la sapience [85]. Car, quoique nous ayons la seule dénomination "sagesse" [86] pour les deux, pourtant les Latins faisaient toujours une distinction entre prudentia et sapientia, attribuant la première à l'expérience et la seconde à la science. Mais, pour faire apparaître la différence plus clairement, imaginons un homme doué par la nature d'une capacité à manier les armes et d'une dextérité excellentes, et un autre homme qui a ajouté à cette dextérité une science acquise des endroits où il peut toucher [87] son adversaire, et où son adversaire peut le toucher, ceci dans toutes les positions et les gardes possibles. L'habileté du premier serait à l'habileté du second ce que la pru­dence est à la sapience. Les deux sont utiles, mais la seconde est infaillible. Mais ceux qui, faisant seulement confiance à l'autorité des livres, suivent aveuglement les aveugles, sont comme celui qui, faisant confiance aux fausses règles d'un maître d'escrime, se risque présomptueusement sur un adversaire qui, soit va le tuer, soit va le déshonorer [88].

 

Les signes de la science sont les uns certains et infaillibles, d'autres incertains. Ils sont certains quand celui qui a la prétention [d'avoir] la science de quelque chose, peut l'enseigner, c'est-à-dire en démontrer clairement [89] la vérité à autrui. Ils sont incertains, quand seuls certains événements particuliers répondent à sa prétention, et en de nombreuses occasions se révèlent [90] être ce qu'il avait dit qu'ils devraient être. Les signes de la prudence sont tous incertains, car il est impossible d'observer par expérience et de se rappeler toutes les circonstances qui peuvent modifier le résultat [91]. Mais dans toute affaire, où l'on ne peut procéder par une science infaillible, et qui est sujette à de nombreuses exceptions, délaisser son propre jugement naturel et se [laisser guider] par des sentences [92] lues chez les auteurs, c'est un signe de déraison [93] que l'on méprise généralement par le nom de pédanterie [94]. Et même parmi ces hommes qui, dans les conseils de la République [95], aiment étaler [96] leurs lectures de politique et d'histoire, il en est fort peu qui font la même chose dans leurs affaires domestiques, où leur l'intérêt particulier est en jeu, ayant assez de prudence pour leurs affaires privées, bien qu'en public, ils ne font pas plus attention à la réputation de leur propre esprit [97] qu'au succès des affaires d'autrui.

 

 

 

Traduction Philippe Folliot
 

 

Version téléchargée en août 2003.

 

 

 



[1]              "When man reasoneth". (NdT)

 

[2]              "conceive". (NdT)

 

[3]              "consequence". (NdT)

 

[4]              "names". (NdT)

 

[5]              R. Anthony : "conclure de la conséquence des noms de toutes les parties au nom du tout". (NdT)

 

[6]              "conceiving of the consequence of the names of all the parts, to the name of the whole; or from the names of the whole         and one part, to the name of the other part.". (NdT)

 

[7]              Excactement "enseignent la même chose" ("the same"). (NdT)

 

[8]              "two names to make an affirmation, and two affirmations to make a syllogism, and many syllogisms to make a            demonstration". (NdT)

 

[9]              "pactions". (NdT)

 

[10]             "men's duties". (NdT)

 

[11]             "lawyers". (NdT)

 

[12]             "right or wrong". (NdT)

 

[13]             R. Anthony : "dans les actions humaines privées". (NdT)

 

[14]             "reason". (NdT)

 

[15]             R. Anthony : "rangeons". (NdT)

 

[16]             "reckoning (that is, adding and subtracting) of the consequences of general names agreed upon for the marking and signifying of our thoughts". (NdT)

 

[17]             "when we demonstrate or approve". (NdT)

 

[18]             R. Anthony : "qui manquent d'expérience". (NdT)

 

[19]             "err". On pourrait à la limite traduire ici par "s'égarent". (NdT)

 

[20]             Exactement "additionner, compter faux", donc calculer et aboutir à un résultat faux, comme le dit très bien François Tricaud (Editions Sirey).

 

[21]             "professors". (NdT)

 

[22]             R. Anthony : "les plus habiles, les plus attentifs". (NdT)

 

[23]             "infer false conclusions". R. Anthony : "aboutir à de fausses conclusions". (NdT)

 

[24]             "right reason". (NdT)

 

[25]             "makes the certainty". (NdT)

 

[26]             R. Anthony : "discussion au sujet d'un compte". (NdT)

 

[27]             R. Anthony : "à grands cris". (NdT)

 

[28]             On comprend l'esprit de la proposition, mais il faudrait savoir à quel jeu Hobbes fait ici référence pour produire une traduction plus fidèle. (NdT)

 

[29]             "as it comes to bear sway in them". (NdT)

 

[30]             "bewraying their want of right reason by the claim they lay to it". (NdT)

 

[31]             "The use and end of reason is not the finding of the sum and truth of one, or a few consequences, remote from the first definitions and settled significations of names; but to begin at these, and proceed from one consequence to another.". (NdT)

 

[32]             "on which it was grounded and inferred". (NdT)

 

[33]             Exactement : "sans aller les chercher" (and doth not fetch). (NdT)

 

[34]             "from the first items in every reckoning". (NdT)

 

[35]             "this is called error". (NdT)

 

[36]             "even the most prudent men are subject.". (NdT)

 

[37]             "it is indeed an absurdity". (NdT)

 

[38]             R. Anthony : "discours". (NdT)

 

[39]             "For error is but a deception". (NdT)

 

[40]             R. Anthony : L'erreur n'est en effet qu'une déception dans la présomption que ...". (NdT)

 

[41]             "yet there was no impossibility discoverable". G. Mairet ne tient pas compte de "discoverable". (NdT)

 

[42]             "the sound". (NdT)

 

[43]             "absurd, insignificant, and nonsense". R. Anthony : "absurdes, sans signification, et non sens". (NdT)

 

[44]             J'ai pris des libertés avec la construction de la phrase pour que le sens soit très clair. La traduction simplement littérale la plus proche du texte serait : "ou quoi que ce soit de libre sinon libre (ou libéré) d'être empéché par (une) opposition" ("or any free but free from being hindered by opposition"). Le sens est celui-ci : on peut accepter de concevoir la liberté comme l'absence d'obstacles (c'est ce que l'on appelle la liberté d'action ou liberté de spontanéité, liberté commune évidemment admise par les déterministes), mais "libre arbitre", "libre volonté", "liberté d'indif­férence" sont des expressions dénuées de signification. Voir le chapitre 21 de la deuxième partie du Léviathan. On pourra rapprocher de David Hume (Enquête sur l'entendement humain, section 8)

 

[45]             "excell". R. Anthony : "surpasse". (NdT)

 

[46]             "excellence". Il est très difficile de traduire autrement. (NdT)

 

[47]             "to general rules, called theorems, or aphorisms". (NdT)

 

[48]             "he can reason, or reckon". (NdT)

 

[49]             Sans nuance péjorative. On peut traduire par raisonnement. (NdT)

 

[50]             "from the definitions or explications of the names they are to use". (NdT)

 

[51]             "indisputable". (NdT)

 

[52]             Sans nuance péjorative. On peut traduire par raisonnement. (NdT)

 

[53]             "that is, from settled significations of their words". (NdT)

 

[54]             "proceed from the confusion and unfit connexion of their names into assertions". R. Anthony : "procèdent de la confusion et de la connexion impropre de leurs noms dans les assertions. (NdT)

 

[55]             Autrement dit, de la matière.

 

[56]             Hobbes n'utilise pas ici, comme dans les chapitres précédents, le mot "fancy" mais le mot "phantasm".

 

[57]             "there be things universal; that a living creature is genus, or a general thing". (NdT)

 

[58]             "lawful". (NdT)

 

[59]             "yet in reckoning, and seeking of truth". (NdT)

 

[60]             "such speeches are not to be admitted". R. Anthony : "un tel langage n'est pas admissible". (NdT)

 

[61]             Ou "par coeur". R. Anthony : "par routine". (NdT)

 

[62]             "by nature". (NdT)

 

[63]             "reason alike, and well, when they have good principles". (NdT)

 

[64]             "industry". Anthony : "par l'industrie". (NdT)

 

[65]             "in apt imposing". R. Anthony : "par la juste imposition". (NdT)

 

[66]             "first in apt imposing of names; and secondly by getting a good and orderly method in proceeding from the elements, which are names, to assertions made by connexion of one of them to another; and so to syllogisms, which are the connexions of one assertion to another, till we come to a knowledge of all the consequences of names appertaining to the subject in hand; and that is it, men call science". (NdT)

 

[67]             "irrevocable". (NdT)

 

[68]             "science is the knowledge of consequences, and dependence of one fact upon another". (NdT)

 

[69]             "the like causes". (NdT)

 

[70]             "the like effects." (NdT)

 

[71]             "a little way" : un bout de chemin. (NdT)

 

[72]             "and inclinations to several ends". (NdT)

 

[73]             "For as for science, or certain rules of their actions". (NdT)

 

[74]             "conjuring". Conjuration, prestidigitation, évocation des esprits. (NdT)

 

[75]             "the beginnings". Ici, les principes. (NdT)

 

[76]             "acquired and generated". (NdT)

 

[77]             "their natural prudence"

 

[78]             "fall upon false and absurd general rules". (NdT)

 

[79]             "oes not set men so far out of their way as". (NdT)

 

[80]             Littéralement "des causes qui ne sont pas ainsi". (NdT)

 

[81]             "perspicuous words". (NdT)

 

[82]             "snuffed". Le mot "snuff" désigne la tabac à priser  (priser : to snuff). Le verbe a aussi le sens de "moucher" (une chandelle) et plus rarement, semble-t-il, de "se moucher". On comprendra ici qu'il faut "moucher" les mots (deuxième sens), les débarrasser de leurs impuretés. R. Anthony utilise le verbe "purifier". (NdT)

 

[83]             Feux follets (ignes : feux  +  fatui (fatuus) : fous). (NdT)

 

[84]             Ou "mépris" au sens de mépris des règles.

 

[85]             "sapience". (NdT)

 

[86]             "wisdom". (NdT)

 

[87]             Exactement "piquer". (Ndt)

 

[88]             Le futur proche a été ajouté par le traducteur.

 

[89]             "évidemment", c'est-à-dire montrer l'évidence des propositions.

 

[90]             Le mot employé par Hobbes est "prove" qui signifie aussi "prouver", "vérifier", "démontrer". Une traduction plus littéraire choisirait "en de nombreuses occasions vérifient ses prédictions". (NdT)

 

[91]             "success" : le succès, l'issue. (NdT)

 

[92]             Des jugements ("sentences"). (NdT)

 

[93]             "folly" : sottise, déraison, folie. (NdT)

 

[94]             Ou pédantisme. (NdT)

 

[95]             "in councils of the Commonwealth". (NdT)

 

[96]             Plus exactement "montrer" ("to show"), faire montre (solution de R. Anthony). (NdT)

 

[97]     "their own wit". (NdT)